"Polluants éternels" découverts près d'une école: la commune d'Irigny se sent abandonnée par l'Etat

En France, la vallée de la chimie, à Lyon, est très touchée par ce qu'on appelle les pollutants éternels. Leur nom est presque poétique. Mais la réalité derrière l’est nettement moins. Les PFAS, leur appellation scientifique, sont des composés chimiques. On en trouve partout, dans nos vêtements, nos ustensiles de cuisine, et même dans nos assiettes.
Ils sont utilisés depuis les années 50 pour leurs propriétés très résistantes. Le problème, c’est qu’une fois dans le corps ou dans l’environnement, ils se dégradent très mal et pourraient même être cancérigènes.
Ce qui est sûr, c’est qu’un lien a été établi par l’Autorité européenne de sécurité des aliments. L’exposition aux PFAS entraîne des problèmes de cholestérol et de foi et peut aussi affaiblir le système immunitaire des enfants.
Et dernièrement, des PFAS ont été trouvés, en forte quantité, aux abords d’une école, à Irigny. C’est là que sont scolarisés les deux enfants de Pauline.
“C’est un peu anxiogène pour les enfants qui entendent beaucoup parler du problème et ça ressort dans leurs discours. ‘Maman, est-ce qu’il y a de la pollution dans ce qu’on mange’, ‘Maman est-ce qu’il y a de la pollution dans l’eau’. Je pense qu’ils veulent savoir s’ils sont en danger”, indique cette mère de famille.
Un arrêté pris contre l'industriel Arkema
Pourtant, la situation n’est pas à l’abandon. Les maires des communes concernées se démènent. Ce sont eux qui ont commandé et financé les premières analyses. Au vu des résultats, ils ont demandé la marche à suivre aux services de l’Etat. Et jusqu’ici, silence radio.
“Moi, je ne suis absolument pas compétente en la matière donc je leur ai demandé ce qu’il fallait que je fasse. J’attends toujours la réponse. J’ai des questions qui sont très terre-à-terre, très pragmatiques. Est-ce qu’il y a un vrai danger, est-ce que c’est nous qui allons tout payer? Où est passé le principe du pollueur-payeur? On est en première ligne pour tout. C’est-à-dire que moi, je suis en première ligne pour payer, pour prendre les décisions, pour répondre aux questions de mes administrés. Et je suis vraiment seule”, regrette Blandine Freyer, la maire d’Irigny.
La préfecture a tout de même pris un arrêté en septembre dernier contre l’un des pollueurs, l’industriel Arkema. Il a jusqu’à fin 2024 pour cesser d’utiliser des PFAS. Et il doit, en attendant, réduire ses rejets. Avant d’intervenir, les services de l’Etat voulaient mener leurs propres analyses. Et les résultats sont sans appel: le territoire est bel et bien pollué.
Sauf qu’ils ne sont toujours pas en mesure de donner des recommandations claires aux élus locaux. Leur argument, c’est que la France n’a pas de cadre réglementaire sur les PFAS. Par exemple, les Pays-Bas ont un seuil à ne pas dépasser, mais nous non.
Selon le ministère de l’Écologie, ce seuil ne verra pas le jour avant une bonne année. À l’échelle européenne, la France pousse pour l’interdiction totale des PFAS, mais les discussions ne commenceront pas avant 2025. Sans compter qu’il faudra certainement laisser du temps aux industriels pour trouver des alternatives à ces produits chimiques.