"Comme des cow-boys": verbalisés pour ne pas avoir éteint leurs enseignes, des commerçants enragent

Dans sept communes du Haut-Rhin, des commerçants ont été verbalisés pour ne pas avoir éteint leur enseigne la nuit. En tout, ils sont une vingtaine de commerçants de Soultz, Guebwiller et Issenheim notamment à avoir reçu la visite des agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) la semaine dernière. Ces derniers leur reprochent d'avoir laissé leurs enseignes lumineuses allumées durant la nuit alors que la réglementation l'interdit. Mais nombre d'entre eux affirment qu'ils n'étaient pas au courant de cette obligation.
Il y a une semaine, alors que Rachel est dans son salon de coiffure, deux agents se présentent pour la verbaliser. “J’étais un peu choquée sur le coup, je ne m’attendais pas à un truc pareil”, confie-t-elle. La nuit précédente, elle a laissé une guirlande extérieure allumée ce qui est interdit. “C’est une petite guirlande avec des leds et il y a marqué coiffure au-dessus de mon salon. Ça entoure un peu les lettres”, décrit-elle. Dans la commune d’à côté, David a reçu la même visite.
“Je me suis senti blessé, je me suis senti comme si j’étais un délinquant”, dénonce-t-il.
"Pas de bonjour, pas de pédagogie"
Ce garagiste n'a pas encore reçu l'amende, mais il est très inquiet. “La contravention peut aller jusqu’à 200 euros par panneau illuminé et par jour. Vu que j’en ai quatre, ça peut aller jusqu’à 800 euros par jour. Ça ferait très mal”, indique-t-il.
Autre commerçant a avoir reçu la visite des agents de l'OFB, Michel Birgaentzle, propriétaire d'une bijouterie à Soultz.
“Ils sont venus au magasin comme des cow-boys, sans prévenir, ‘on vient vous verbaliser’. Pas de bonjour, pas de pédagogie, alors je leur demande pourquoi et ils me disent que c’est au sujet de la protection des chauves-souris", explique-t-il ce mercredi matin sur RMC.
Il déplore des consignes contraires à ce que lui demande notamment son assurance. "Je suis spécialisé dans le rachat d’or, je suis un commerce à risque, aujourd’hui et mon assurance me demande d’avoir un minimum d’éclairage. Ce n’est pas Las Vegas de nuit hein. Avoir un petit éclairage ça permet juste d’avoir une meilleure visibilité en cas d’enquête", appuie-t-il.
Une élue demande de la clémence
Si pour certains commerçants l'amende a été de 150 euros, pour lui c'est monté à 1.000 en raison du comportement qu'il a eu face aux agents. "Ils n’ont pas été corrects sur le coup dans le sens où j’étais prêt à discuter. Je suis pour le respect de la loi mais c’est juste la manière dont ils l’ont fait. Ils m’ont juste dit à un moment donné que la sécurité des chauves-souris était plus importante que la sécurité de mon magasin. Alors je leur ai répondu que c’était plus facile de venir verbaliser le petit commerçant plutôt que d’aller verbaliser les personnes en motocross qui roulent sans assurance en forêt par exemple", détaille-t-il.
Le code de l'environnement est clair. Depuis le 1er janvier 2024, les enseignes lumineuses doivent être éteintes entre 1h et 6h du matin. Mais si nul n'est censé ignorer la loi, Karine Pagliarulo, conseillère municipale à Soultz, appelle à plus de clémence envers les commerçants. Avec le député de la circonscription, elle a adressé une lettre à l'Office français de la Biodiversité pour demander de retirer les amendes.
“Ils n’étaient pas volontairement hors-la-loi. Dans ce cas de figure là, il faut, je pense, apaiser la situation et il faut leur faire confiance”, plaide-t-elle.
L’élue l’assure, depuis, tous les commerçants éteignent leurs enseignes lumineuses la nuit.