"Ça normalise la surexposition": les professeurs utilisent-ils trop les écrans à l'école?

Ils sont toujours aussi décriés pour la santé des enfants, mais les écrans n'ont pourtant jamais eu autant de place à l'école. Tablettes, ordinateurs, vidéoprojecteurs sont devenus incontournables dans les salles de classe comme support d'apprentissage pour les écoliers. Cette généralisation de l'usage du numérique pose question, alors même qu'une surexposition aux écrans est jugée néfaste pour les enfants.
Une étude de l’Ifop pour la Fondation pour l’Enfance, auprès de parents et d’enseignants, a rendu ses conclusions sur le sujet. L'étude s'est concentrée sur les élèves de maternelle et de primaire.
Une responsabilité partagée entre les parents et les enseignants
Les chercheurs ont notamment voulu évaluer l'impact des écrans sur les apprentissages. Trouble du comportement, de l’attention, problème de sommeil, la liste est longue. Pour les parents, les écrans ont également un effet sur la sociabilité ou même les performances cognitives des petits. Les instituteurs sont, eux, unanimes: 9 enseignants sur 10 imputent des troubles du comportement et des difficultés d’apprentissage à l’addiction des enfants aux écrans.
Ce que souligne l’étude de l’Ifop pour la Fondation pour l’Enfance, c’est aussi le partage de responsabilités entre parents et enseignants, alors que les uns et les autres se renvoient souvent un peu la balle.
D'un côté, les enseignants dénoncent "des parents qui restent sur leur téléphone en même temps qu'ils s'occupent de leur enfant". De l'autre, selon les parents, "il faut ralentir le secours aux outils numériques" à l'école. Les écrans sont utilisés par 68% des enseignants du primaire, par 38% en maternelle.
La Suède a fait marche arrière
Cela peut devenir dérangeant quand ça continue surtout après l'école. Sébastien regrette "des devoirs où il faut qu'ils regardent des tutos sur YouTube".
Des devoirs souvent inscrits sur Pronote, un logiciel d'échange avec les enseignants qui aggrave la dépendance aux écrans selon Audrey Vinel, du Collectif Coline contre le numérique à l’école:
"Ça crée une obligation d'usage, qui finit par faire croire qu'on ne peut rien faire sans avoir un écran. Ça normalise la surexposition. C'est grave et c'est contraire surtout à toutes les recommandations"
La Suède s'est récemment emparée du sujet. Ce pays pionnier dans le développement des écrans dans la pédagogie a fait un virage à 180 degrés. En 2023, le gouvernement scandinave a annoncé renoncer à sa politique numérique pour un retour au bon vieux manuel scolaire, dont "aucune tablette ne pourrait remplacer les avantages".
À la maison, seuls 15% des parents utilisent les outils de prévention du gouvernement. Souvent parce qu’ils ne les connaissent pas ou parce qu’ils les trouvent trop éloignés de la réalité. Pour protéger au mieux son fils des écrans, Nada ne l'autorise que le week-end:
"Ça peut les rendre vraiment passifs. Mattéo, il a un vocabulaire très enrichi. Je vois la différence avec d'autres enfants un peu collés sur les téléphones de leurs parents."
Parmi les conseils qui font consensus auprès de la communauté scientifique et éducative, il faut éviter au maximum l'exposition aux écrans avant 3 ans, les autoriser pas plus d’une demi-heure par jour avant 6 ans, et une heure de 6 à 10 ans.