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Contrôle des écoles hors contrat: "Il faut pouvoir créer des écoles sans avoir à plaire à l'Etat"

Najat Vallaud-Belkacem veut renforcer le contrôle des écoles hors contrat.

Najat Vallaud-Belkacem veut renforcer le contrôle des écoles hors contrat. - Lionel Bonaventure - AFP

La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem souhaite renforcer le contrôle sur les écoles hors contrat notamment par le biais d'autorisation préalable à leur création. Les associations qui défendent ces écoles sont vent debout.

Les écoles hors contrat seront-elles bientôt davantage contrôlées? La ministre de l'Education en a formulé le souhait ce jeudi et doit proposer devant le Conseil supérieur de l'éducation un projet de décret. Elle souhaite notamment que ces écoles qui ne perçoivent pas de subventions publiques et peuvent élaborer leurs propres programmes soient soumises à une autorisation préalable à leur création. Actuellement, pour ouvrir ces écoles ne nécessitent pas d'autorisation mais peuvent ensuite être contrôlées par des inspecteurs. Pour Jacques de Tarragon, administrateur de la Fédération de parents d'élèves des écoles indépendantes, cette mesure met en danger les écoles hors contrat dont il est convaincu de l'utilité.

"Pour ma part j'ai eu une expérience difficile au collège dans l'éducation nationale. Rejoindre une école hors contrat m'a offert la possibilité d'être écouté, mieux compris. C'est la raison pour laquelle en tant que parent d'élève j'ai choisi de placer mes deux enfants dans une école hors contrat, pour qu'ils puissent bénéficier du même soutien et de la même attention", explique-t-il. 

"Les enfants ont besoin d'écoles différentes"

L'alternative proposée par ces écoles non liées avec l'Education nationale est indispensable juge Anne Coffinier, directrice générale de la "Fondation pour l'école", qui finance les écoles alternatives au système classique. Pour elle, ces écoles sont une réponse à l'échec scolaire et les contrôler viendrait mettre en danger la liberté d'enseignement.

"Les enfants ont besoin d'écoles différentes. Pour qu'il y ait des écoles différentes, il faut qu'il y ait des libertés qui permettent de les créer. Il faut pouvoir créer des écoles sans avoir à plaire à l'Etat pour avoir l'autorisation d'exister et ensuite développer des programmes scolaires et une méthode qui corresponde au projet pédagogique et non pas à ce que l'Etat attend de nous."

Najat Vallaud-Belkacem avait évoqué cette réforme au mois d'avril, la justifiant par "des risques de radicalisation" dans des écoles hors contrat. Dans un entretien au Monde, elle explique ce jeudi avoir renforcé les contrôles et annonce le signalement de cinq de ces écoles à la justice.

"L'Etat se donne le droit de vérifier ce qui sera enseigné"

Outre les écoles Montessori ou inspirées de méthodes d'éducation alternatives figurent également des établissements confessionnels. Une cinquantaine d'écoles musulmanes et 200 écoles catholiques hors contrat. Jean-Frédéric Poisson, député des Yvelines et président du Parti chrétien-démocrate dénonce un "coup d'Etat contre les écoles libres" et a lancé une pétition contre cette réforme.

"L'Education nationale et l'Etat se donnent le droit de vérifier que ce qui sera enseigné dans cette école est bien conforme à d'ailleurs je ne sais quoi" lance-t-il. Le député est "persuadé" que Najat Vallaud-Belkacem "veut vérifier que ce qui est enseigné est bien conforme à sa propre idéologie". La ministre explique elle réagir face au développement "des enseignements trop lacunaires (...), voire attentatoires aux valeurs républicaines".

Carole Blanchard avec Antoine Perrin