Des étudiants dorment à l'auberge de jeunesse: "Sans ce dispositif, je serais à la rue"

Pas assez de places en résidence universitaire ou en colocation, loyers trop chers... Se loger devient de plus en plus difficile pour les étudiants. L'Union étudiante estime qu'ils sont plus de 100.000 à entamer leur année universitaire sans logement, soit 15% de plus que l'année dernière. Alors, certains optent pour des solutions de repli comme des nuits en campings à La Rochelle, en couvents à Paris, et en auberge de jeunesse en Alsace.
A Strasbourg, 44 lits leur sont réservés avec un dispositif provisoire proposé par la Fédération des étudiants d'Alsace (Afges), en attendant que les étudiants trouvent un (vrai) logement.
"Sans ce dispositif, je serais tout simplement à la rue"
Dans la région, le parc locatif du Crous ne compte en effet que 5.503 places pour 87.000 étudiants du supérieur sur le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, d'après l'académie de Strasbourg.
"Quand je rentre dans la chambre de l'auberge, je me dis: 'Je ne suis pas chez moi en fait'. Mais sans ce dispositif, je serais tout simplement à la rue", témoigne Maoud.
Pourtant, l’étudiant a déposé plus de 40 candidatures pour un appartement, pour autant de refus.
"L'autre jour, une personne m'a répondu qu'il y avait plus de 200 demandes et que le planning de visites était donc complet...", souffle-t-il.
Le budget de la nourriture souvent amputé
"Je vais devoir augmenter mon budget. Avec 500 euros, il me reste 100 euros pour manger, pour tout faire en fait", poursuit-t-il.
En attendant, il profite donc de cette solution d’hébergement provisoire, car les étudiants ne peuvent pas rester plus de 11 nuits. Et cela angoisse Guershom, à la recherche d’un logement depuis un mois et demi.
"Des fois, la nuit, je n'arrive pas à dormir et à 3h du matin, je prends ma tablette et je cherche, je cherche... Je ne suis pas serein", concède-t-il.
C’est la Fédération des étudiants d'Alsace qui paient ces chambres aux étudiants sans logement. Elle reçoit deux fois plus de demandes que l’an dernier selon son vice-président, Jeremy Darenne.
"Pour l'instant, on n'a aucune chambre restée vacante depuis le début du dispositif, dès le premier jour. Certains n'ont pas mangé car ils n'en ont plus les moyens en fait", assure-t-il. Le dispositif prendra fin le 15 octobre. D’ici là, l’association prévoit d’héberger près de 120 étudiants.
En 2023, Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, promettait une augmentation du nombre d'hébergements "afin que l'accès au logement autonome ne constitue pas un frein à la poursuite d'études". Mais il manquerait au moins 250.000 logements dédiés en France selon l’Aires (Association interprofessionnelle des résidences étudiantes et services).