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Ecole: le ministre Pap Ndiaye pousse pour le retour de la dictée… comme ses prédécesseurs

La dictée va-t-elle revenir en force à l’école? C’est le souhait du ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye. Mais les syndicats de profs rejettent toute injonction, comme avec les ministres précédents.

Pap Ndiaye, le ministre de l’Education nationale, veut encourager la dictée quotidienne à l'école primaire. Et il prône un retour au b.a.-ba, c’est-à-dire le classicisme en matière d’enseignement de la lecture et du français. La note de service qui est publiée ce jeudi donne des consignes très strictes. Et recommande notamment de brèves dictées quotidiennes. Avec des objectifs bien définis: qu’un élève en CM2 puisse lire et comprendre un texte au rythme de 120 mots par minute. Ce que pour l’instant, seuls 56% des élèves sont capables de faire.

A l’Assemblée nationale ce mardi, Pap Ndiaye avait déjà défendu la dictée, ainsi que la pratique quotidienne de la rédaction et la régularité du calcul mental. Bref, du très classique. Dans Le Parisien ce jeudi, Brigitte Macron s’en félicite. Elle recommande, elle aussi, de faire tous les jours une petite dictée et de pratiquer l'orthographe autant que possible. De là à penser que la Première dame pèse sur les choix du ministre de l’Education, il y a un pas... qu’on ne ne franchira pas.

En revanche, les syndicats n'apprécient pas. Ce ne sont pas les dictées que les syndicats n'aiment pas, mais les circulaires… Celles qui disent aux instituteurs comment ils doivent enseigner. C’est très normé, très technique et inapplicable, estime l’UNSA, et au bout du compte on explique aux enseignants ce qu’ils doivent faire pendant leur journée. Les syndicats dénoncent une opération de com à destination de l’opinion.

Vallaud-Belkacem et Blanquer ont déjà essayé

Tout cela donne une impression de déjà-vu. Et ce n’est pas qu’une impression. En décembre 2017, Jean-Michel Blanquer avait annoncé le retour de la dictée quotidienne à l’école primaire, ainsi que le rôle central de la grammaire, du vocabulaire et de l'orthographe. Et déjà à l'époque, les syndicats avaient vivement protesté contre ce qu’ils appelaient une infantilisation des enseignants par un ministre qui se prend pour le premier pédagogue.

Et en 2017, ce n'était déjà pas une première. En 2015, Najat Vallaud-Belkacem avait annoncé le retour de la dictée. Elle voulait de courtes et fréquentes dictées de mots. Cela avait été inscrit dans les programmes de 2016, mais les syndicats s'étaient dit "abasourdis". Ils estimaient que l’obligation de la dictée remettait en cause leur liberté académique et que c'était une “dérive injonctive”. La ministre avait finalement dû préciser que la dictée quotidienne était une recommandation et non pas une obligation. On avait donc échappé de peu à la dérive de l’injonction…

Ce qui est sûr, c’est que le niveau des élèves en français régresse. On a fait faire exactement la même dictée à des élèves de CM2 en 1987, en 2007, puis en 2015. Un texte de 67 mots, soit une dizaine de lignes. La première fois, les enfants faisaient en moyenne 10 fautes. Vingt ans plus tard, en 2007, ils faisaient 14 fautes. Et encore huit ans plus tard, 18 fautes. Et c’est surtout le nombre d'élèves en grande difficulté qui a beaucoup augmenté. En 2015, 20% des élèves faisaient plus de 25 fautes. En 1987, ils n’étaient que 5%.

Mais le recul du niveau n‘est peut-être pas une fatalité. Les résultats de la dernière évaluation ont montré que le niveau acquis à la fin du primaire a légèrement progressé en 2021, après plusieurs années de stagnation. 62% des élèves avaient une maîtrise satisfaisante des compétences demandées, contre 60% l’année d’avant. Cela fait quand même encore 38 % des enfants qui passent au collège sans avoir cette maîtrise suffisante. Enfin, si les filles sont toujours meilleures que les garçons, l'écart a tendance à se réduire.

Nicolas Poincaré