Enfants autistes privés d'école: 2 milliards d'euros pour accompagner les personnes handicapées
Pour les parents des enfants en situation de handicap, la question de la scolarité reste délicate. Pour cause: la France manque cruellement de structures pour les accueillir. C'est le cas d'Elyo, 6 ans, un petit garçon plein de vie, souriant et coquin. "Notre petite crapule", comme le décrivent ses parents. Elyo est aussi un enfant autiste sévère, qui ne parle pas et qui a des difficultés pour se développer.
"On ne peut pas le quitter des yeux une minute. Il a des problèmes pour communiquer donc il faut deviner, comprendre. Tout devient difficile. Apprendre à être propre, c’est compliqué. Lui apprendre à pointer du doigt, c’est compliqué. Toute la vie de famille est chamboulée", explique Yannick, son père.
Des places largement insuffisantes
Jusqu'à présent, Elyo a fait partie des chanceux: il vient de finir sa 3e année de maternelle dans une classe UEMA, pour Unité d’enseignement autisme, à Colmar. Ce sont des sections spécialisées, dans les écoles, qui accueillent sept enfants autistes. Lancées il y a dix ans, il n'y en a que 307 en maternelle, sur tout le territoire. En élémentaire, c’est pire, il en existe seulement 81.
À Colmar, où vit Elyo et sa famille, il n'y en a pas à partir du CP. Conséquence directe, à la rentrée prochaine, ce petit garçon ne sera scolarisé que deux jours par semaine, dans une école non-adaptée, avec une accompagnante sans formation. Il passera l’autre moitié de la semaine dans un IME, un institut médico-éducatif.
"Il a quand même le droit d’être en contact avec d’autres enfants de son âge et pour évoluer, il en a besoin. Ce n'est pas un mode de garde qu’on demande, je veux qu’on nous propose un réel projet pour l’emmener au maximum de ses capacités", souligne Yannick.
À ce jour, il existe au total 2.716 places dans des classes dédiées aux enfants autistes de 3 à 11 ans. Alors que 8.000 porteurs de ce handicap naissent chaque année en France, soit 1 naissance sur 100.
"Je ne demande pas à ce que mon fils passe le bac, je sais qu’il ne passera jamais, mais s’il peut juste s’adapter à cette société et que les gens s’adaptent un minimum à lui, ça sera déjà parfait", ajoute Yannick.
20 départements prioritaires
Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, annonce, au micro de RMC, le déblocage de 2 milliards d’euros dès l’année prochaine et jusqu’à 2030, pour l’accompagnement des personnes handicapées en général.
"Nous continuons de déployer des moyens pour faire en sorte d’accompagner les familles, dans des IME quand c’est indiqué, ou à l’école de la République. De très nombreux IME finiront par rejoindre l’école de la République parce que nous avons pour projet de déployer dans les cinq prochaines années 100 IME dans l’Éducation nationale, dans les collèges ou dans les écoles, afin de pouvoir rapprocher ces enfants", explique Geneviève Darrieusecq.
Les 2 milliards d’euros bénéficieront à 20 départements prioritaires: la Seine-Saint-Denis, le Nord, la Loire-Atlantique, l’Eure, tous les départements ultramarins, entre autres. Malheureusement pour Elyo, le Haut-Rhin n’en fait pas partie.
Ce que souhaitaient avant tout ses parents, c’est que l’on parle de lui et du parcours du combattant de tous les enfants autistes et leur famille en France, pour avoir le droit, comme les autres, d’aller à l’école.