"Soit on déménage, soit on démissionne": des parents d'élèves démunis face à l'absence de cantine
Ostwald, près de Strasbourg, en Alsace: 12.000 habitants, quatre écoles, mais seulement 385 places de cantine. Conséquence, plus d'une centaine de parents sont privés de cantine pour leurs enfants. Oriane, la mère de deux jeunes enfants qui doivent faire leur rentrée en septembre, vient d'apprendre comme une centaine d'autres foyers de la commune que ses enfants devraient manger à la maison au mois de septembre. Or, elle et son mari travaillent. Impossible de rentrer entre 12h et 14h pour s'occuper des enfants
"Il n'y a pas d'assistante maternelle qui dessert l'école. Il n'y en a que deux ou trois, elles sont saturées. On n'a pas l'option d'en prendre une, ce n'est pas possible. Si j'avais su que je n'aurais pas de cantine scolaire pour mon aîné, je n'aurais pas déménagé à Ostwald. La problématique, c'est aussi le délai, on l'a appris 15 jours avant de partir en vacances", assure-t-elle à RMC.
"On ne sait pas quoi faire, on n'en dort pas"
Alors évidemment, les parents ont alerté la mairie, qui fait la sourde oreille. Seule solution qui leur a été proposée: que les parents s'organisent et mettent en place une cantine solidaire qu'ils organiseraient eux-mêmes. Une absurdité pour Emilie, une autre maman privée de cantine pour ses enfants.
"Aujourd'hui, les solutions qui s'ouvrent à nous, c'est soit de déménager, soit de démissionner de notre emploi. Cela fait des jours et des nuits qu'on discute avec les autres mamans et on ne trouve pas de solution. On ne sait pas quoi faire, on n'en dort pas", s'inquiète-t-elle.
La mairie invite les parents à se débrouiller
En France, il existe un droit pour tous les enfants d'être inscrit à la cantine... mais ce droit n'est plus absolu, car le conseil d'Etat a donné raison l'an dernier à une commune qui avait refusé l'inscription d'enfants. Depuis, une mairie peut refuser l'inscription d'enfants si elle n'a pas la capacité de les accueillir. Et justement, la mairie d'Ostwald assure avoir de grosses difficultés financières. Selon Fabienne Baas, la maire de la commune, il n'y a pas d'autres solutions aujourd'hui: il faut que les parents s'organisent entre eux.
"Il faut qu'on expérimente, qu'on essaie d'offrir quelque chose qui n'a jamais existé, notamment permettre aux enfants de pouvoir manger avec un repas 'tiré de sac'. Et certains parents avaient assuré que cela leur convenait mieux, en leur permettant d'offrir à leurs enfants le repas que eux préparaient", assure-t-elle contrairement aux témoignages recueillis par RMC.
"Une trentaine de parents ont travaillé sur cette co-construction. Nous, de notre côté, on arrive encore à créer un certain nombre de places", défend l'élue, sans toutefois préciser pour l'instant le nombre de places créées.