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Explosion des agressions envers les pompiers: "Avec un uniforme, on représente l'Etat et on peut être une cible"

En dix ans, le nombre d'actes violents a presque triplé. RMC a rencontré Jean-Baptiste, près de Paris, qui a subi une agression en plein sauvetage.

Il confie qu'il s'en souviendra toute sa vie. RMC a rencontré Jean-Baptiste, 36 ans, sapeur-pompier professionnel depuis 2005.

En 2017, il est appelé pour porter secours à un homme, inconscient. En plein sauvetage, l'homme se réveille et attaque le soldat du feu:

"Il a voulu en venir aux mains et finalement, il m'a jeté un objet qui traînait dans l'appartement. C'était une bougie. C'est marquant. Je m'en rappellerai toute ma vie". 

Les pompiers sont pris à partie en moyenne 74 fois par mois en France: c'est plus de deux actes violents par jour, selon une enquête menée par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France et le sénateur socialiste Patrick Kanner. Des agressions physiques, verbales, et plus seulement dans les quartiers dits "sensibles": les soldats du feu sont agressés partout où le service public recule.

Engagé à 16 ans en tant que sapeur-pompier, Jean-Baptiste réalisait un "rêve de gosse". Aujourd'hui, c'est la désillusion: "Je rentrai là-dedans avec des yeux admiratifs en disant qu'on va pouvoir aider les autres, pouvoir apporter notre contribution. C'est de la désolation et on est triste de voir ça". 

20 ans dans les casernes, au service des autres, son uniforme porté fièrement. Mais la situation a changé: "Ce n'était pas le cas il y a plusieurs années où il y avait un respect de l'uniforme. A partir du moment où l'on porte une tenue, on représente l'Etat et on peut être une cible à atteindre". 

Sur RMC, lundi matin, le colonel Marc Vermeulen, conseiller du président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, est revenu sur l'explosion de cette violence: "C'est une violence du quotidien contre les pompiers, confie-t-il. On traite de plus en plus des troubles psychologiques. Pour les gens, tout doit être immédiat, ils sont impatients".

Alors quelles solutions? Dans certaines régions, le port de caméra-piétons va être expérimenté pendant 3 ans. Jean-Baptiste se dit réservé sur ces caméras et préfère évoquer un travail plus profond de dialogues pour améliorer les liens avec la population.

Mais ce que les pompiers réclament aussi: "Une solution réside dans la création d’un numéro unique secours/police: le 112" selon le colonel Vermeulen face à Jean-Jacques Bourdin. Un numéro d’urgence unique qui permettrait de mieux faire le tri entre les interventions et de dépêcher un renfort de forces de l’ordre quand c’est nécessaire.

Rémi Ink et Romain Poisot avec Xavier Allain