L'Irlande va-t-elle légaliser l'avortement? Le référendum divise le pays
Près de 3,5 millions d'électeurs sont appelés à se prononcer. Les Irlandais ont commencé à voter vendredi matin pour ou contre la suppression de l'interdiction constitutionnelle de l'avortement, dans un référendum historique pour ce pays de tradition catholique.
Au terme d'une campagne achevée dans une certaine tension entre partisans et opposants de l'avortement, le "Oui" à la libéralisation de l'IVG semblait en tête des intentions de vote, malgré une participation difficile à estimer et un nombre élevé d'indécis. La mobilisation de l'électorat a été l'un des grands axes des militants anti et pro-avortement, les premiers tablant sur un sursaut de l'Irlande rurale, tandis que les seconds ont fortement encouragé les jeunes à s'inscrire et à voter.
Argument contre argument
Dans les rues de Dublin, entre les pancartes appelant à voter, certains militants anti-avortement prient en chantant. Ces "pro-life", comme on les appelle, arpentent les rues toute la journée, tel Christophe. Sur son buste, des pancartes anti-IVG, et dans ses mains, des photos de fœtus. "Si on autorise à tuer des bébés, c’est comme si on autorisait à tuer n’importe qui dans la rue" plaide-t-il.
Devant le micro de RMC, une passante l’interpelle. "Imaginez que vous soyez une fille et vous êtes victime de viol. Vous tombez enceinte. Vous voudriez ce bébé? Non!". Réponse du tac au tac de Christophe: "Le bébé est innocent il ne doit pas mourir a cause du père. Mais au delà de ce cas, c’est valable pour tous les avortements. Imaginez: le bébé est une fille, la mère et le père veulent un garçon. Demain, ils pourront être autorisés a tuer tous leur bébés filles pour enfin avoir leur petit garçon. On doit protéger les enfants, protéger les familles. Vous devez voter "Non"".
Face à ce type d’argument souvent extrémiste, Angela, 28 ans, est révoltée. Elle a choisi de défendre le droit a l’avortement à sa manière: avec sa fille de 18 mois. "Je veux montrer que je pense à l'avenir de ma fille. Aujourd'hui si l'on veut avorter, il faut aller dans un autre pays. J'ai l'espoir que ma fille, demain, sera soutenue si, un jour, elle veut interrompre sa grossesse".
Chaque année, 3000 Irlandaises vont pratiquer une interruption volontaire de grossesse à l'étranger.