La Clusaz: un référé-suspension déposé contre un projet de retenue d'eau
Les 1.700 habitants de La Clusaz, en Haute-Savoie, un village connu pour sa station de ski, sont vent debout contre un projet de retenue d’eau qui doit raser 8 hectares de forêt, abritant 58 espèces protégées. Un bassin conçu pour alimenter aux deux tiers les canons à neige artificielle de la station, le tiers restant est destiné à l’eau potable.
Et depuis deux semaines, des cabanes ont fleuri dans les cimes des sapins. Des riverains, comme Ingrid, occupent la forêt pour empêcher le lancement des travaux: "Pour nous, l'eau potable dans ce projet de retenue collinaire, c'est un alibi pour permettre aux pouvoirs publics de servir les intérêts privés en alimentant le modèle du tout ski et les canons à neige. C'est un déni du problème qu'il y a de moins en moins d'eau et qu'il faut réfléchir maintenant à des solutions alternatives".
"C'est un suicide collectif"
Fraîchement nommé, c’est le tout nouveau préfet de Haute-Savoie qui a validé le projet le 19 septembre, à la surprise générale. Les travaux peuvent démarrer à tout moment. Les autorités n’ont pas tenu compte de l’avis des habitants car ce projet fait consensus contre lui. Les résultats de l’enquête publique ont montré que 76% des 1.800 participants sont opposés au projet évalué à 7 millions d'euros.
Et c’est une information RMC, trois associations de défense de l’environnement ont déposé un référé-suspension devant le tribunal de Grenoble. L'audience aura lieu le 20 octobre. "Ce n'est même pas une fuite en avant, c'est un suicide collectif. Aujourd'hui, on sait ce qu'il advient de l'eau, on a l'exemple de cet été. Faire des retenues, ça accélère la sécheresse des sols. On espère que le référé va être en notre faveur et que le bûcheron repartira au chaud chez lui", assure Valérie Paumier, la fondatrice de l'ONG Résilience Montagne.
Les associations de défense de l'environnement, des "groupuscules extrémistes" pour Laurent Wauquiez
Le maire campe sur ses positions: pas question de renoncer, sauf si la justice le décide. Pour lui, ce projet est indispensable pour sécuriser l’enneigement de la station et financer la transition écologique in fine. Mais ses explications sont floues.
"Les remontées mécaniques appartiennent à la commune, c'est grâce à ces revenus qu'on pourra faire la transition totalement nécessaire face au réchauffement climatique", explique-t-il, sans pour l'instant connaître la part de ces revenus qui sera consacrée à la transition écologique.
En tout cas, le maire peut compter sur le soutien du président de région, Laurent Wauquiez, qui nous a répondu ceci par mail: "Il n’est pas possible d’accepter que nos territoires soient pris en otages par des groupuscules extrémistes", en référence aux zadistes qui se sont engagés aux côtés des habitants.