Le golfe de Gascogne fermé aux pécheurs pour un mois: "L’impression qu’on veut tuer la pêche française"

Le golfe de Gascogne de nouveau fermé à une partie des pêcheurs à partir de ce mercredi matin et pour une période de quatre semaines, comme l’année dernière. Une mesure ordonnée par le gouvernement, pour préserver les dauphins.
L'essentiel des bateaux de plus de huit mètres va rester à quai, ce qui représente près de 340 bateaux sur les 1300 - soit un quart des bateaux de pêche sur la façade atlantique. L’interdiction court jusqu’au 20 février, et les bateaux concernés seront indemnisés à hauteur de 80% de leur chiffre d'affaires. Une enveloppe de 20 millions d'euros est budgétée.
Mais cet arrêt partiel de la pêche met à mal toute la filière et notamment les mareyeurs, qui rachètent le poisson débarqué à quai par les pêcheurs, avant de le revendre aux grossistes et aux poissonniers.
Dans l’atelier de Benjamin Hennequin au Sables-d'Olonne, une dizaine d’employés trient une montagne de caisses remplies de poissons.
"Ça, c’est que de la petite pêche du jour. Dans une ou deux semaines, il n’y aura plus rien dans les paniers”, déplore-t-il.
Moins de sole notamment, spécialité de ce port vendéen. “On a jeté à peu près 5-6 tonnes de poisson. Lorsque la pêche va fermer, on s’est retrouvé l’année dernière avec 100 kilos de poisson. Pour une entreprise comme la mienne, c'est impossible. C’est des pertes sèches tout de suite”, ajoute-t-il.
Obligés de faire venir du poisson de l'étranger
Des indemnisations sont prévues pour les mareyeurs, mais pas pour Diane Sabourault, par exemple.
“Il y a des critères de sélection. Moi pour ma petite structure, je n’étais pas éligible. Si on fait un mois de février comme l’année dernière ça ira, mais s’il y a du vent et qu’il n’y a pas de poisson, ça va être compliqué”, confie-t-elle.
En février, la pêche locale devrait suffire à remplir les étals de la poissonnerie de Daniel Caudal, mais au pire, “je ferai venir du poisson d’ailleurs certainement. Il ne faut pas que je ferme les portes parce qu’il faut bien que je travaille aussi. On fait venir un petit peu d’Angleterre, d’Irlande, d’Écosse”, confie-t-il.
C’est justement la crainte de Diane Sabourault, qui a déjà vu des clients se tourner vers l’étranger. Un paradoxe selon elle. “Nous, on essaye de valoriser la pêche locale, mais pendant un mois, c’est faites ce que vous voulez, achetez du poisson dans n’importe quel pays étranger… Ça nous plombe un peu plus, on a l’impression qu’on veut tuer la pêche française”, juge-t-elle.