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"Les délais sont trop longs": les Maisons des personnes handicapées, un service public défaillant

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ENQUETE RMC. Des adultes et des parents d’enfants en situation de handicap font face aux défaillances des Maisons des personnes handicapées (MDPH).

Des messages déchirants envoyés à "RMC s’engage avec vous": des adultes ou parents d’enfants en situation de handicap attendent depuis des mois que l’administration traite leurs demandes d’aides…

C’est le cas de Jérôme, par exemple. Son fils Kylian est atteint d’une maladie très rare. À 11 ans, il a l’âge mental d’un nourrisson et est totalement dépendant. Jusqu’à présent, la famille recevait deux types d’aides, à hauteur de 900€, versées par la MDPH, la maison des personnes handicapées. Ses droits devaient être renouvelés fin juillet. À ce jour, son dossier, créé en début d’année, n’est toujours pas traité.

“On ne peut pas adapter la vie de Kylian à la vitesse de la MDPH. Il a des besoins, on ne peut pas s’arrêter de les payer. Il met toujours des couches, ça coûte extrêmement cher, et on ne peut pas demander à la banque d’arrêter de nous prélever. Et c’est à chaque fois pareil, on doit toujours se battre pour avoir ce à quoi on a le droit”, souffle le papa.

Mais Jérôme n’est pas le seul. Il y a aussi Olivia, à la Réunion, qui souffre d’insuffisance respiratoire, Nathalie, en Seine-et-Marne, atteinte de sclérose en plaques, ou encore Christophe, dans le Pas-de-Calais, amputé d’une jambe à cause du diabète.

RMC s’engage avec vous : Missions des personnes handicapées, service défaillant - 27/09
RMC s’engage avec vous : Missions des personnes handicapées, service défaillant - 27/09
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Neuf mois d'attente en Ille-et-Vilaine

Afin de comprendre la situation, RMC a contacté toutes les MDPH de France, soit une centaine de structures. Si le délai légal de traitement d’un dossier est de quatre mois, notre enquête montre qu’en ce moment, il est largement dépassé dans près de la moitié des MDPH.

Pour le dire de façon un peu triviale, quand on est handicapé, il vaut mieux habiter dans la Meuse, qui affiche un délai de réponse de deux mois, contre neuf mois en Ille-et-Vilaine. C’est le record et c’est justement là que vivent Jérôme et son fils Kylian.

Ces délais s’expliquent par une explosion des demandes depuis le Covid et des moyens humains qui ne suivent pas pour les traiter.

"Il faut simplifier" selon la ministre

RMC a pressé la MDPH dont ils dépendent et ça a marché: leur dossier sera étudié ce jeudi, et les droits de Kylian sont réactivés en attendant la décision. Les services reconnaissent “un allongement particulièrement long des délais" et “s'excusent”. Mais le retour à la normale n’est pas prévu avant l’année prochaine.

Alors, RMC a également sollicité la ministre chargée des Personnes handicapées. Et Fadila Khattabi partage le constat: “Les délais sont trop longs et les procédures trop complexes”. “Il faut simplifier”, déclare la ministre, qui annonce du changement.

Dès l’année prochaine, “un rendez-vous physique sera proposé à toute personne qui effectue une première démarche auprès d’une MDPH” pour “un suivi plus humain, plus personnalisé et plus efficace”.

Amélie Rosique, Solenn Leroux, Guillemette Franquet