Les moments marquants du débat Hollande-Sarkozy

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A 3 jours de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont livrés un âpre combat lors du débat télévisé de l'entre-deux-tours pour tenter de rallier à leur cause les indécis, le candidat socialiste rendant coup pour coup au président sortant. Regardez ci-dessous les moments les plus marquants de ce débat suivi par 17,8 millions de téléspectateurs, toutes chaînes confondues, selon Médiamétrie.
Toujours 6 points d’écart dans les sondages
Nicolas Sarkozy, qui avait survolé le débat de 2007 contre Ségolène Royal, fort de son avance dans les sondages, était hier dans l'obligation d'attaquer pour refaire son retard face à un François Hollande donné gagnant le 6 mai. Mais à aucun moment ce dernier n'a paru en difficulté mercredi soir dans cette joute qui, selon les politologues, ne peut modifier le rapport de forces qu'à la marge. L'écart dans les sondages entre les deux hommes est d'au moins six points.
Le dirigeant centriste François Bayrou, dont les voix récoltées au premier tour (9,1%) sont âprement convoitées par les deux finalistes, annoncera sa décision ce jeudi en fonction du débat.
« M. Sarkozy, vous aurez du mal à passer pour une victime »
Nicolas Sarkozy a d'emblée tenté de déstabiliser son concurrent en se présentant en rassembleur de tout le peuple français face au candidat socialiste qui ne représenterait que la gauche, ce qu'ont illustré selon lui les défilés du 1er-Mai : « Quand on défile derrière le drapeau rouge, avec la faucille et le marteau, est-ce que c'est l'esprit de rassemblement ? », a-t-il dit en estimant que les soutiens de François Hollande l'avaient traîné dans la boue en le comparant à Pétain.
« M. Sarkozy, vous aurez du mal à passer pour une victime », a rétorqué le candidat socialiste, qui a dénoncé la « stigmatisation » des syndicats et des étrangers dont il accuse le président-candidat de s'être rendu responsable.
« Ce n'est jamais de votre faute »
L'économie a été l'objet d'une autre passe d'armes souvent tendue sur le bilan du quinquennat finissant et à aucun moment le candidat socialiste n'a paru déstabilisé. François Hollande a attaqué sur le thème du chômage, qui a atteint en mars son plus haut niveau depuis 1999. « C'est beaucoup, c'est énorme, c'est un record », a-t-il dit.
Pour Nicolas Sarkozy, cette détérioration est due à la crise et aux mesures prises par la gauche lorsqu'elle était au pouvoir de 1997 à 2002, notamment la semaine de travail de 35 heures, alors que l'Allemagne prenait la direction inverse. « L'Allemagne a fait le contraire de la politique que vous proposez aux Français », a-t-il estimé en accusant son adversaire socialiste de méconnaître les réalités économiques. La réponse de François Hollande a fusé : « Avec vous, c'est très simple, ce n'est jamais de votre faute ».
Les deux hommes se sont notamment opposés sur la dette publique qui, a rappelé François Hollande, a augmenté de 600 milliards d'euros ces cinq dernières années. Pour ramener le déficit public à zéro, le candidat socialiste entend revenir sur tous les « cadeaux fiscaux » faits aux « plus privilégiés » et qui ont creusé la dette, notamment en rétablissant l'impôt de la solidarité sur la fortune. Faux, a dit Nicolas Sarkozy : l'augmentation de la dette est due pour l'essentiel à la crise et le programme socialiste aggraverait les choses en augmentant les impôts, notamment pour engager 60.000 enseignants de plus dans l'Education nationale.
« Vous mentez ! »
Les deux adversaires se sont mutuellement accusés de mentir aux Français lors d'un échange extrêmement vif. « Dans votre volonté de démontrer l'indémontrable vous mentez », a déclaré Nicolas Sarkozy. « Vous avez vraiment ce mot à la bouche. A force de l'exprimer, ça veut dire que vous avez une propension qui me paraît assez grande à commettre ce que vous reprochez à d'autres », a répondu François Hollande.
L'Europe sortie de l'ornière ?
Fort de son expérience de gestion de la crise des dettes, le président sortant s'est efforcé de démontrer qu'il avait sauvé l'euro et permis à la France d'emprunter à des taux historiquement bas sur les marchés financiers. « L'Europe s'en est sortie », a-t-il dit en fustigeant l'exigence d'une renégociation du traité de discipline budgétaire européen formulée par François Hollande. Certes, a-t-il dit, la croissance doit être stimulée mais soit le candidat socialiste « invente le fil à couper le beurre » en prônant une taxe sur les transactions financières que le gouvernement sortant entend mettre en place, soit il défend des instruments dangereux, comme les euro-obligations. « Vous trouvez qu'on n'a pas assez de dette comme ça ? », a-t-il demandé en estimant que l'Allemagne et la France finiraient par payer la note pour des pays comme la Grèce et l'Espagne.
Pour François Hollande, la situation est loin d'être aussi rose que le dit le président sortant. « L'Europe ne s'en est pas sortie », a-t-il dit en jugeant que Nicolas Sarkozy n'avait rien obtenu de l'Allemagne.
L'octroi du droit de vote aux immigrés venant de pays tiers à l'Union européenne, proposé par le candidat socialiste et refusé par le président sortant, les a également opposé. « Sous ma présidence, il n'y aura aucune dérogation à la règle de la laïcité », a expliqué François Hollande, accusé par son concurrent de nourrir le « communautarisme ».
Sept électeurs sur dix avaient l'intention de regarder le débat, que les commentateurs attendaient comme le point d'orgue de la campagne, comme toujours depuis sa première édition en 1974, et les rues de Paris étaient vides mercredi soir. « Les restaurants qui n'ont pas de télévision sont tous vides ce soir, comme le mien », a dit Mustapha, propriétaire d'une gargote turque. « C'est le débat. »