Neige, orthèses cassées... l'exploit de Yanis Debaud, paralysé du pied, qui a fini l'UTMB (et bien classé)

175 kilomètres et près de 10.000 mètres de dénivelé positif. C’est la distance qu’ont parcouru cette année les coureurs de l’UTMB, l’Ultra Trail du Mont-Blanc. Une course qui rassemblait au départ 2.492 coureurs, et dont seulement 1.664 sont arrivés au bout. Parmi eux, Yanis Debaud. Mais pour lui, la performance sonne encore plus comme un acte de bravoure, car cet ancien rugbyman nîmois, est atteint de paralysie du pied.
"Je voulais juste remarcher normalement"
En 2023, lors d’un match de rugby, suite à un contact, les ligaments de son genou droit se rompent touchant avec eux le nerf sciatique. Un accident qui impacte son pied. “Moi l’objectif principal après ma première opération, c’était de remarcher normalement donc clairement la course à pied ce n’était pas pour moi”, explique-t-il.
Le jeune homme de 23 ans va subir deux opérations. Et après avoir participé moins d’un an après son accident au marathon de Paris, il se lance dans l’aventure UTMB.
“Les chirurgiens m’avaient dit que ce n’était pas une bonne idée. Mais c’est aussi pour moi que je l’ai fait, parce qu’on m’avait dit que je ne pouvais pas le faire. Ça m'a donné un peu une force en plus pour le faire”, explique-t-il.
C’est grâce à une orthèse qui peut aujourd’hui recourir. “J’ai une semelle en carbone que je mets en plus dans ma chaussure avec deux tiges en carbone qui remontent jusqu’à mon genou et que j'accroche avec un scratch. Et en fait ça me tient le pied à l’équerre parce que c’est un mouvement que je ne peux plus faire. J’ai cassé deux orthèses au cours de la course. Je ne les ai toujours pas réparés, je les ai rafistolées avec du strap donc ce n’est pas le mieux, mais bon, je ne pouvais pas finir sans”, indique-t-il.
La neige et le froid comme obstacles
Et il n’y a pas que ces orthèses qui l’ont perturbé pendant cet ultra-trail. En effet, les coureurs ont, cette année, dû affronter des conditions météos particulièrement difficiles.
“Le début de course était assez compliqué. Il y avait de la pluie, de la neige, il a fait jusqu’à moins 7 degrés en haut des cols. Et moi, j’étais un peu dans le dur. Je pense aussi que tout le monde part très très vite sur l’UTMB. Donc je me faisais doubler, mentalement, j’étais un peu dans le dur aussi”, raconte-t-il.
Il témoigne de deux moments qui auraient pu faire basculer sa course. “La première nuit vers 3h-4h du matin quand on est en haut du col du Bonhomme, qu’il fait -5° ou -6° et qu’il y a de la neige partout là je me suis dit, je vais avoir du mal à faire 120 km de plus'. Et puis en fin de course quand j’ai cassé ma deuxième orthèse, là aussi je me suis dis que ça allait être compliqué parce que je n’en avais pas de rechange. Donc j’ai couru avec celle que j’avais rafistolée”, confie-t-il.
Et finalement, il a bien fait de résister, car au lever du jour, c’est une nouvelle course qui a commencé pour lui. “C’est là que j'ai pu vraiment courir. Je suis passé de la 1.700 à la 442e place”, indique–t-il.
Au total, il aura passé 36h13 sur les sentiers avant une arrivée pleine d’émotion dans Chamonix.