Sa fille tuée par un conducteur alcoolisé: un père appelle à interdire totalement l’alcool au volant

Le 8 mai 2022, Antoine Alléno, fils du chef étoilé Yannick Alléno, a été tué à Paris par un conducteur ivre au volant d’une voiture volée. Cet événement tragique a suscité une forte mobilisation et plus de 6.000 articles de presse. Deux ans plus tard, la loi sur l’homicide routier, souhaitée par la famille Alléno, a été adoptée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. En mars, Yannick Alléno avait exprimé son inquiétude face au retard du texte et avait interpellé le ministre Gérald Darmanin. Ce mardi, dans un entretien avec Le Figaro, le chef étoilé a fait part de son envie d’appliquer la tolérance zéro avec zéro alcool au volant.
Alors, faut-il interdire totalement l’alcool au volant? C’est le débat sur le plateau d’Estelle Midi. La tolérance zéro, c’est déjà quasiment le cas en France pour les jeunes conducteurs en permis probatoire. Pour eux, la limite est de 0,2 gramme d'alcool par litre de sang, ce qui équivaut à ne pas boire. Pour cause, la consommation d'un verre d'alcool correspond à 0,2 à 0,25 gramme par litre en moyenne. Un seul verre risque donc de faire dépasser au jeune conducteur le seuil limite, ce qui lui couterait la perte de 6 points et celle de son permis de conduire.
C’est la même chose en Irlande, au Portugal, au Luxembourg, aux Pays-Bas, ou en Grèce. En Allemagne, en Italie, en Slovénie ou encore au Danemark, le taux d’alcool est à 0 pour les jeunes permis. Enfin, plusieurs pays pratiquent la tolérance zéro alcool au volant pour tous: c’est le cas de la Hongrie, de la République Tchèque, de la Slovaquie, de la Roumanie et de la Bulgarie sont à un taux de zéro gramme d'alcool dans le sang. La Suède, la Finlande, la Pologne et l'Estonie sont à 0,2 g d’alcool par litre de sang pour tous. Même pas un verre, donc.
"Les gens ne savent pas s’autoévaluer”
Marlène Schiappa se dit “favorable”, à la tolérance zéro au volant. “Notre société a un problème avec l'alcool... C'est très difficile en France de dire que vous ne buvez pas d'alcool. Vous êtes stigmatisé, on vous demande si c'est religieux, etc. Mais surtout, les gens ne savent pas s’autoévaluer”, assure la femme politique.
Pour Dorian, un gendarme, ce type de mesure est trop compliquée à mettre en place: “il vaut mieux être plus ferme, faire des saisies de véhicule, taper plus fort sur le portefeuille des gens, c’est ça qui fonctionnerait”.
Pierre Chasseray, directeur général de 40 millions d’automobilistes, est d’accord avec ce dernier. “Si on voulait être vraiment pertinent, il faudrait mettre en place une véritable campagne de lutte contre l’alcoolémie au volant. Et il faudrait mieux faire respecter la règle actuelle plutôt que d’aller emmerder celui qui aura seulement bu une coupe de champagne, car en réalité ce cas ne représente pas un grand risque”.
"Un permis de tuer"
Faut-il donc sanctionner davantage plutôt qu’une tolérance zéro? Franck, transporteur, a perdu son enfant dans un accident de la route et ne croit pas à cette solution. "Le 12 janvier 2025, ma fille a perdu la vie... Elle était passagère d'une voiture conduite par un jeune de 20 ans. Il a pris le volant alcoolisé. Il avait 0.22 gramme dans le sang et avait donc dépassé le seuil autorisé”, explique-t-il, la voix étranglée par les sanglots.
“Ma fille n'avait rien demandé à personne. Ce jeune homme est sorti de garde à vue à 14h le jour de l'accident avec son permis en poche", poursuit-il. La victime, Marie, était aide-soignante dans un Ehpad. Le conducteur, lui, a toujours son permis en poche cinq mois après l’accident, alors qu’il aurait dû être convoqué pour qu’on lui retire. Pour Franck, ce jeune homme possède non pas “un permis de conduire, mais un permis de tuer”, désormais.