"C'est mon lait qui est jugé et je n'ai besoin de personne pour me dire ce que j'ai à faire": le torchon brûle entre les producteurs de Roquefort et le Nutri-score

Les producteurs de Roquefort sont en colère contre le Nutri-score, cette note affichée sur les emballages alimentaires est censée aiguiller les consommateurs vers les produits les moins gras, sucrés ou salés. Un A et une couleur verte synonyme de bon pour la santé, jusqu'au E et une couleur rouge pour indiquer un produit mauvais pour l’organisme. Mais voilà, le célèbre fromage de brebis à pâte persillée est visé par un classement défavorable (D ou E). Et cet étiquetage encore facultatif, mis en place à l'initiative du gouvernement français en 2016, sera obligatoire à partir de 2022.
D’où la mobilisation de la filière qui réclame une exemption pour ce célèbre fromage de brebis de l’Aveyron. Car le nutri-score peut influencer le choix des consommateurs, notamment pour l’achat du fromage, et en particulier le Roquefort: "Quand il y a le Nutri-score E, je n'achète pas. J'achète A ou B", témoigne une consommatrice. "Ils font ça parce que les gens ne font pas attention et mangent des choses pleines de sel et de sucres", estime une autre.
Mais la mauvaise note E, attribuée dans les rayons de grandes surfaces à certains Roquefort, soit la plus mauvaise note possible, étonne Jérôme Faramond, éleveur de brebis, dont le lait permet la fabrication du roquefort:
"Je suis indigné en tant qu'éleveur parce que cette note ne reflète pas du tout le métier que je fais tous les jours. Quand on fait du bon lait, du lait cru qui est repris entier pour faire du fromage et salé seulement pour être conservé, je n'arrive pas à savoir en quoi c'est malsain", déplore-t-il. "Je ne sais pas si le Nutri-score idéal peut avoir toutes les valeurs d'un produit plaisir. C'est mon lait qui est jugé et je n'ai besoin de personne pour me dire ce que j'ai à faire", ajoute Jérôme Faramond sur RMC.
Le ministère de l'Agriculture ne semble pas vouloir faire marche arrière
Sous la houlette de la confédération générale de Roquefort, les producteurs veulent bénéficier d’une exemption, c’est ce que demande Sébastien Vignette, leur secrétaire général, il s’appuie sur un cahier des charges très strict: "On est les héritiers de recettes ancestrales consignées dans des cahiers des charges. On ne peut pas modifier nos recettes".
Et le responsable syndical prévient, si le Roquefort n’est pas exempté, c’est toute une filière qui risque de disparaître. Le roquefort, première appellation d’origine de l’Histoire, en 1925 est à l'origine de 2.000 emplois directs sur tout le territoire.
Mais le combat semble perdu d'avance: "On a eu des débuts de réponse de la part du ministre de l'Agriculture mais qui sont inquiétantes. C'est pour ça qu'on a commencé à monter au front", explique Jérôme Faramond, craignant que le gouvernement ne s'engage pas dans le sens des producteurs de Roquefort.
La solution pourrait se trouver à l'étranger ajoute-t-il: "On regarde du côté de l'Italie et de l'Espagne qui pourrait peut-être nous aider. Cela bouge beaucoup dans le même sens que ce que l'on souhaite là-bas, est c'est ce qui nous rassure".
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