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"C’est très pesant, c’est une charge mentale en plus", témoigne une infirmière enjointe à quitter son logement dans une lettre anonyme

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Depuis le début de l'épidémie, plusieurs soignants ont reçus des lettres anonymes les enjoignant à quitter leur lieu de résidence, étant considérés comme d'éventuels porteurs du virus.

Quand certains les applaudissent tous les soirs à 20H, d'autres les prennent à parti anonymement. De nombreux personnels soignants ont reçu dans leurs boites aux lettres ou sur la porte de leur domicile des lettres de menaces. C'est notamment le cas de Samia, une infirmière de 44 ans, mère de deux enfants, traitée comme une pestiférée, qui a reçu un courrier anonyme d'un voisin, lui demandant de quitter son appartement à Rive-de-Gier dans la Loire.

A bout de nerfs, en première ligne face à l'épidémie, Samia a découvert la lettre assassine au milieu de son courrier: "On rentre chez soi, on est épuisé, on vient de passer une journée de fou et on trouve ça dans sa boîte aux lettres, c’est un peu agressif", raconte-t-elle au micro de RMC.

"Si en plus de ça je dois redoubler de vigilance pour ne pas me faire insulter ou agresser…" 

"Quittez les lieux au plus vite, vous êtes un danger pour tout le monde", écrit notamment le corbeau dans son courrier. Une charge violente pour Samia : "J’ai eu peur. Cela va mieux avec le soutien de ma famille et de ma fille qui m’a dit qu’il fallait que ça se sache". Depuis, elle a porté plainte pour "Outrage à agent de la fonction publique dans l'exercice de ses fonctions", désolée de voir que l'auteur du courrier connaisse si mal son quotidien.

"On rentre, on se change dans nos garages, qui sont devenus des sas de décontamination. Cela nous prend un temps fou. Si en plus de ça je dois redoubler de vigilance pour ne pas me faire insulter ou agresser… C’est très pesant, c’est une charge mentale en plus, je n’avais pas besoin de ça", déplore-t-elle.

Une enquête a été ouverte. Le procureur de la République de Saint-Etienne, David Charmatz, a précisé à l'AFP qu'il avait "requalifié en menaces les faits visés par la plainte contre X déposée", par Samia.

Thomas Schnell et Valentine Rault (avec Guillaume Dussourt)