"C'est un tic d'y aller, c'est hyper addictif": Facebook reconnaît lui-même l'effet néfaste d'Instagram sur les ados
Instagram serait mauvais pour la santé mentale des ados. C'est le groupe Facebook, propriétaire d'Instagram, qui le dit lui-même, dans des documents internes ! C'est ce que révèle une enquête du quotidien économique américain Wall Street Journal.
Parmi ces documents internes compromettants, deux diapositives diffusées lors d'une réunion en interne en 2019: "Nous empirons le rapport à son corps d'une ado sur 3" ou encore: "Les ados accusent Instagram d'augmenter les niveaux d'anxiété et de dépression".
De nombreuses autorités et associations alertent en effet depuis des années sur les dangers de ces réseaux sociaux pour la jeunesse. Et particulièrement Instagram, un réseau social, centré sur les photos et donc la beauté et l'image de soi.
"Instagram offre une espèce de vision idéalisée de la vie"
Sur des adolescents fragiles, les effets psychologiques d'Instagram peuvent être extrêmement pernicieux. Victoria, 18 ans, reconnait y passer des heures.
"C'est un tic d'y aller, c'est une habitude. C'est hyper addictif. On y va tout le temps et on ne se rend pas compte du temps qui passe."
Scruter les photos des copines, des influenceuses, des célébrités... Et aussi, forcément, se comparer. Victoria en a souffert pendant son adolescence: "Ca m'a créé beaucoup de complexes"; concède-t-elle.
Avec l'âge, Victoria a pris conscience des risques d'Instagram et a appris à s'en détacher. Mais ce n'est pas le cas de nombreux adolescents, plus vulnérables, qui sont en souffrance. Béatrice Copper-Royer est psychologue clinicienne.
"Instagram offre une espèce de vision idéalisée de la vie. Les images sont trafiquées. On se compare aux autres et c'est être très perturbant"
Perturbant, voire désatreux, selon la psychologue. Pouvant être à l'origine de dépression, d'angoisse ou encore de troubles alimentaires.
>>> A LIRE AUSSI - Vers un "Instagram Kids" réservé aux moins de 13 ans: pourquoi ce n'est pas (forcément) une bonne idée
Comment éviter toute dérive
Parmi les pistes évoquées par les rapporteurs de l'enquête, Instagram envisage de supprimer les filtres "embellissants" et de ne laisser que des filtres "amusants". Déjà en 2019, la plate-forme avait supprimé les filtres "effets chirurgie esthétiques", qui permettaient de grossir les lèvres ou de lisser la peau.
"En tant que parent, il faut aider son ado à être mieux dans sa peau mais pas uniquement physiquement", explique sur RMC le pédopsychiatre Stéphane Clerget. "Il faut évoquer les qualités sportives, intellectuelles, sociales", ajoute-t-il sans non plus interdire à accéder à Instagram.
"Il faut cependant en limiter l’utilisation et les pousser à faire le maximum d’activités de plein air avec eux. Plus on va promouvoir des actions collectives, plus on va les pousser à être dans le collectif, moins ils seront préoccupés par l’individuel. Parce qu’Instagram, c’est d’abord l’individualisme : ‘Moi par rapport à quelqu’un d’autre’", conclu le praticien.