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Des voisins dénoncent le non-respect du confinement: "Avec ces appels, on empêche peut-être de sauver des vies"

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Est-ce la peur du virus? L'inquiétude d'être contaminé? Ou tout simplement l'ennui ? Les appels pour dénoncer le non-respect du confinement se multiplient. Et parfois ils sont loin d'être justifiés.

Le voisinage de Marjolaine n'a pas du tout apprécié son emménagement en plein confinement. Accueil glacial par un voisin: "Il m'a dit: 'je préfèrerais que vous soyez à la rue plutôt que vous me mettiez à risque'". Le voisin appelle la police, sauf que Marjolaine, humanitaire rapatriée d'Irak sans pied à terre en France n'avait pas d'autre choix que de louer ce Airbnb à Versailles.

"Trois policiers sont arrivés. A partir de là, il n'y a pas eu de souci, ils ont été voir le voisin pour qu'il arrête de les appeler, parce qu'ils ont pas mal de boulot et autre chose à faire et depuis, j'évite soigneusement mes voisins qui ne sont pas venus s'excuser".

"Il faut faire preuve de discernement"

Les délations comme celles-ci augmentent et atteignent 70% des appels à la police à Strasbourg ou en Nouvelle Aquitaine selon le syndicat Alternatives Police.

Ces appels doivent cesser demande Denis Jacob, le secrétaire général: "La grande majorité des appels ne sont pas justifiés. Par exemple, quand on nous appelle parce que des voisins font un barbecue et qui ont invité plusieurs personnes. Il faut savoir que quand on s'occupe de ce type d'appels qui ne mènent à rien, on empêche peut-être de sauver des vies".

Le numéro 17 n'est pas fait pour signaler des manquements aux règles de confinement a également rappelé aux habitants la maire du 20e arrondissement de Paris.

Pour les signalements justifiés, l'élue Frédérique Calandra a mis en place une ligne spéciale: "C'est pour permettre au 17 de demeurer un numéro d'urgence. On apprend aussi aux habitants à faire preuve de discernement entre ce qui nécessite une intervention de la police et ce qui de l'ordre du conflit de voisinage".

Elle aimerait plus de bienveillance et rappelle que c'est aux patrouilles de police de faire respecter le confinement et non aux habitants.

Nicolas Traino et Nicolas Feldmann