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Elodie, aide-soignante en EHPAD: "On les traite comme des chiens, ce n'est pas digne d'un être humain"

Les salariés des maisons de retraite, les EHPAD, organisent des rassemblements dans toute la France aujourd’hui, devant les préfectures ou certains établissements.  Sur RMC, de nombreux soignants ont tenu à témoignant, avec émotion, de leur quotidien.

La France se désintéresse-t-elle de ses aînés? Des personnels au chevet des personnes âgées sont en grève mardi pour réclamer davantage de moyens afin de s'occuper "dignement" des aînés, une mobilisation nationale inédite. A l'appel d'une large intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD), avec le soutien de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et de plusieurs associations de retraités, des débrayages sont prévus dans des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et dans des services d'aide et de soins à domicile.

Parmi les personnels mobilisés, RMC a recueilli les témoignages émouvants d'Elodie, Catherine, Isma et Hella, toutes soignantes dans des établissements à travers la France. Et à chaque fois, le message est le même: celui d'un sentiment d'abandon, de mal-être, d'"inhumanité". 

Ainsi, pour Elodie, aide-soignante dans un EHPAD de Breteuil dans l'Oise, "on ignore complètement le résident. Ce n'est pas ça notre métier". Elle poursuit: 

"Vous ne prendriez pas, vous, seulement trois minutes pour avaler un bol au petit-déjeuner? Il faut qu'on puisse prendre le temps. Et puis, il y a la communication avec les résidents. Si ce n'est pas nous qui allons leur parler, ça arrive que personne ne leur parle de la journée. Il faut appeler les choses comme elles sont: c'est de la maltraitance. Ici, c'est leur dernière demeure. On a envie que leur mort soit digne. C'est nous qui sommes là pour les accompagner. Mais on les traite comme des chiens, ce n'est pas digne d'un être humain.

Maltraitances institutionnelles

Mêmes conclusions pour Hella et Catherine. Elles étaient toutes deux aide-soignantes dans un EHPAD de Marseille. Pour Hella, qui a monté une page Facebook pour dénoncer ce qu’elle appelle "les maltraitances institutionnelles", "on va bâcler la toilette, on va pas les nourrir correctement. Quand vous rentrer dans une maison de retraite, souvent, il y a des personnes avec le regard vide, parce que personne ne parle avec elles". 

Catherine a, elle, arrêté son activité l’été dernier. Elle reste encore marquée par les situations indignes qu’elle a rencontrées à cause notamment des économies de moyens réalisés par l’établissement privé où elle travaillait: "Quand on retrouve des personnes âgées souillées et qu'on a pas de matériel pour les changer parce qu'on a un quota de couches par jour, c'est écoeurant".

"Je trouve ça inhumain"

Isma est aide-soignante dans un EHPAD de Marseille. Comme elle nous l'a confié, elle a dû interrompre son activité suite à un arrêt maladie comme beaucoup de collègues car elle supportaient plus le quotidien dans la maison de retraite privés où elle exerçait: "Je trouve ça inhumain, je ne peux plus"

Des rassemblements sont également organisés sur tout le territoire. A Paris, il est prévu à 14H00 devant le ministère des Solidarités et de la Santé, où une délégation doit être reçue.

Thomas Chupin, Lionel Dian et X.A