RMC
Santé

Froid glacial, fuites d'eau... Des soignants alertent (encore) sur l'insalubrité du CHU Pellegrin de Bordeaux

placeholder video
Le plus grand hôpital de Bordeaux, le CHU Pellegrin, est une nouvelle fois sous le feu des projecteurs. Alors que soignants et patients avaient dénoncé cet été des températures intenables dans les chambres au moment de la canicule, avec l'arrivée du froid, les conditions se sont inversées. Ils dénoncent des patients obligés de porter leurs manteaux, mais aussi des fuites d'eau dans le bâtiment.

Le froid, l'humidité, jusqu'à l'insalubrité... Des soignants et patients de l'hôpital Pellegrin de Bordeaux en Gironde dénoncent les conditions d'accueil et de travail dans le centre hospitalier. Ils décrivent notamment des fuites d'eau, ou encore des chambres dont la température frôle les 10 degrés. Certains patients doivent même apporter leur propre couette.

Une situation liée à de gros problèmes d'isolation dans le service pédiatrique du CHU. Après avoir dénoncé les fortes températures cet été, avec plus de 40 degrés dans certaines chambres de patients, les soignants affrontent maintenant la baisse des températures et les désagréments qui vont avec.

Des conditions de soins et de travail désespérantes pour Agnès Marquet, représentante syndicale SUD Santé Sociaux, qui est obligée de concèder qu'ils sont tous obligés de "s’adapter" avec ce qu’ils ont".

"C'est-à-dire nos propres manteaux, nos propres gants. On travaille au milieu des fuites d’eau. Il y en a un peu partout, notamment au sous-sol. De la maternité aux vestiaires de Pellegrin, il y a énormément de fuites avec des seaux, des draps un peu partout", souffle-t-elle.

Des patients qui dorment avec leur manteau

"Même dans les services de soin les patients ont froid et doivent se couvrir de leur propre manteau et de plusieurs draps parce qu’il n’y a pas assez de couvertures dans les services de soins”, dénonce-t-elle.

"J'avais été hospitalisée en urgence, et je devais pleurer pour avoir des couvertures tellement il faisait froid", témoigne Isabelle, qui a connu les urgences du CHU de Bordeaux. "Ils donnent juste des draps supplémentaires et on doit dormir avec son manteau sur soi la nuit", ajoute-t-elle.

Témoin RMC : Jérémie Legrand - 27/10
Témoin RMC : Jérémie Legrand - 27/10
4:01

Pas de réponse de la mairie

Un constat qui est partagé par tout le personnel, même non-soignant. Jérémie Legrand, représentant du syndicat Sud Santé, fait partie du personnel technique et ouvrier de l’hôpital. Il était invité sur RMC ce vendredi matin.

“Il y a dans le sous-sol de la maternité, des fenêtres qui sont scotchées afin qu’elles ne s’ouvrent pas quand il y a du vent. Les agents reçoivent même des mails pour les prévenir que la météo annonce du vent et qu’ils doivent fermer les volets. Ce sont des mails de la part de la direction de l’hôpital ce qui prouve bien qu’ils sont parfaitement conscients du problème", indique-t-il.
Des seaux pour récupérer l'eau de fuite dans l'hôpital Pellegrin de Bordeaux
Des seaux pour récupérer l'eau de fuite dans l'hôpital Pellegrin de Bordeaux © RMC

Il ajoute: "Il y a une bâche récupératrice d’eau qui se déverse dans une poubelle dans le vestiaire des femmes. On nous avait dit que c’était temporaire, mais force est de constater que le temporaire au CHU de Bordeaux, c’est sur le long terme”, explique-t-il.

"La situation dure depuis dix ans, ce n'est pas prêt d'être fini", abonde sur le plateau des "Grandes Gueules" Pascal Gaubert, secrétaire général FO au CHU de Bordeaux. "Il y a des patients qui vont passer encore quelques années dans le dur, le temps qu'on gère tous ces problèmes", craint-il.

Interrogée par Le Figaro jeudi, la direction de l’hôpital a assuré que la bâche en question “a été maintenue cette semaine pour s'assurer que l'étanchéité était bien assurée lors de fortes pluies”, alors que “les travaux de réparation du toit ont déjà été effectués”.

Selon Jérémie Legrand la direction, mais aussi la mairie de Bordeaux ont été plusieurs fois alertées sur la passoire thermique qu’est le CHU de Bordeaux. “Mais monsieur le maire, que nous avons plusieurs fois interpellé, reste sans réponse”, dénonce-t-il.

Guillaume Descours Journaliste RMC