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“Je vais retomber dans ma phase dépressive”: la pénurie de quétiapine, un traitement psychiatrique, inquiète

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La quétiapine, un traitement psychiatrique très prescrit face aux troubles bipolaires et à la schizophrénie, connaît d'importantes difficultés d'approvisionnement, a prévenu jeudi l'agence du médicament, demandant à restreindre les prescriptions. Ombline, très inquiète, fait partie des patients qui en ont besoin quotidiennement.

Nouvelle alerte de pénurie de quétiapine. L'UNAFAM, l'Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques, tire à son tour la sonnette d'alarme. Dans une lettre ouverte au ministre de la Santé Yannick Neuder, elle demande "une action immédiate".

L'Agence nationale de sécurité du médicament avait déjà prévenu d'importantes difficultés d'approvisionnement fin janvier. Car la quétiapine, un neuroleptique, est de plus en plus difficile à trouver. Des ruptures en pharmacie, des patients sur leurs réserves... Les professionnels de la santé s'inquiètent et parlent d'un état de pénurie. Ce médicament est largement prescrit aux personnes atteintes de schizophrénie. Et presque indispensable dans le traitement des troubles bipolaires.

"Je ne peux pas m’en passer"

La quétiapine est commercialisée sous le nom Xeroquel par le laboratoire français Cheplapharm, ainsi que sous des versions génériques par d'autres groupes. Mais la molécule de base est largement produite par une entreprise grecque, Pharmaten. Or, celle-ci a rencontré un "problème de production", explique l'ANSM, qui a annoncé plusieurs mesures destinées à gérer la pénurie.

Celles-ci comprennent l'interdiction des exportations et, surtout, une restriction des prescriptions. L'agence du médicament demande aux psychiatres de ne plus commencer un traitement sous quétiapine pour d'autres raisons qu'un trouble bipolaire.

"Les alternatives doivent être privilégiées pour toutes les autres indications", qui incluent donc notamment la schizophrénie, explique l'ANSM. Mais certains professionnels s'inquiètent de la difficulté à substituer d'autres médicaments à la quétiapine.

Ombline, par exemple, en prend normalement tous les jours. “Actuellement, il m’en reste un peu, mais je me dis que dans quelques semaines, je vais retomber dans ma phase dépressive parce que je n'aurais pas ce médicament”, témoigne-t-elle à RMC. Elle poursuit: “J’ai fait toutes les pharmacies de Paris, j’ai demandé à ma sœur qui habite à Lille de faire le tour des pharmacies. Même chose avec ma mère qui est dans le sud de la France, juste pour au moins trouver une boite de Quétiapine”.

“On me dit qu’il n’y en a plus, que c’est une pénurie, mais je ne peux pas m’en passer. Ça me sert à ne plus entendre de voix dans ma tête, qui me provoque de l’anxiété et des idées noires. Il faut qu’ils trouvent une solution, sinon comment est-ce que je vais faire le mois prochain?”, conclut Ombline.

Malheureusement, ces difficultés d'approvisionnement s'inscrivent dans un contexte plus large de pénuries de médicaments face auxquelles les autorités sanitaires essaient d'agir depuis plusieurs années.

C.A