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Les e-cigarettes bientôt prescrites… en pharmacie? Pourquoi le ministre de la Santé ne dit pas non

Le ministre de la Santé, François Braun, envisage d'ouvrir aux pharmaciens la prescription de cigarettes électroniques pour les personnes désireuses d'arrêter de fumer. Elles pourraient aussi être remboursées par la Sécurité sociale.

Des e-cigarettes en pharmacie? C'est (peut-être) pour bientôt. François Braun, le ministre de la Santé, a évoqué le sujet dans le Grand jury sur RTL. Il souhaite en effet maintenir "les substituts nicotiniques pour quitter le tabac".

Les cigarettes électroniques pourraient même faire l'objet d'un remboursement de la sécurité sociale, François Braun indiquant que le sujet était "sur la table dans le cadre du prochain plan anti-tabac". Les cigarettes puffs sont elles, en revanche, dans le collimateur du ministre de la Santé qui souhaite les interdire.

Mais alors, cette initiative de proposer la vapoteuse dans les pharmacies permettrait-elle vraiment d'inciter les Français à arrêter de fumer totalement? La nouvelle est en tout cas majoritairement bien reçue, notamment par les fumeurs ayant déjà pensé à arrêter les frais du tabac.

"Je compte arrêter de fumer mais c'est assez difficile avec le tabac. Mais si on nous incite comme ça… oui ça pourrait être une bonne initiative", reconnaît cette fumeuse à la terrasse d'un bar parisien. "Je pense que ça pourrait aider pas mal de personnes, car sans substitut c'est compliqué de passer à autre chose", renchérit un autre.

Antoine, lui, fumait 15 cigarettes par jour. Il a tiré un trait définitif sur le tabac grâce à la vapoteuse. "Depuis que j'ai commencé la cigarette électronique, depuis à peu près un an, je n'ai pas retouché à une cigarette traditionnelle. Ça me coupe totalement l'envie (...)", explique-t-il.

"Pas une porte d'entrée vers la cigarette électronique"

Pour la tabacologue Alice Denoize, les cigarettes électroniques représentent un réel outil de transition pour arrêter de fumer. Elles seraient surtout beaucoup moins nocives que les cigarettes traditionnelles.

"Il y a des études qui prouveraient que la cigarette électronique serait 95% moins dangereuse que la cigarette traditionnelle. Dans la fumée de cigarette il y a du monoxyde de carbone, qu'il n'y a pas du tout dans la cigarette électronique. Donc rien que pour ça c'est infiniment moins dangereux que la cigarette", analyse Alice Denoize, tabacologue.

Invité de l'émission Apolline Matin diffusée sur RMC et RMC Story, Loïc Josseran, président de l'Alliance contre le Tabac et professeur en santé publique, s'est lui aussi montré favorable à la mise en place de la vente de cigarettes électroniques en pharmacie.

"Si ça peut permettre à des fumeurs supplémentaires de sortir du tabac et de passer à une vie sans tabac, oui c'est un point positif", a-t-il reconnu au micro d'Apolline de Malherbe. Le professeur a toutefois mis en garde sur le dispositif de la vapoteuse, censé être une porte de sortie pour faire la transition vers un sevrage total de la cigarette.

"Il ne faut pas que cette mise à disposition et ce remboursement dans des pharmacies deviennent une porte d'entrée vers la cigarette électronique puisque, c'est important à dire, le sevrage est quelque chose qui est limité dans le temps", a rappelé Loïc Josseran, président de l'Alliance contre le Tabac.

In fine, le professeur Josseran estime que la vapoteuse devrait être considérée comme un traitement similaire aux patchs ou aux chewing-gums permettant tous deux la libération prolongée de nicotine dans le corps. Le plus important, dans l'idée de se sevrer, sera selon lui de rester efficace sur une diminution graduelle du taux de nicotine présent dans le liquide à vapoter.

Vers une nouvelle hausse du prix du paquet?

Et pour cela, il sera indispensable, selon Loïc Josseran, de "former les pharmaciens pour amener un conseil qui amène cette décroissance de dose de nicotine, de façon à s'en déshabituer".

"Il faudra que le fumeur fasse aussi l'effort pendant son sevrage d'essayer de perdre l'habitude de manipuler une cigarette, de porter quelque chose à la bouche. Il faut vraiment que ce soit une porte de sortie", prévient-il.

S'il n'a pas donné davantage de détails sur cette piste de la vapoteuse en pharmacie, le minitre de la Santé François Braun a aussi évoqué l'autre grand frein à l'achat et la consommation de tabac classique: le prix. D'après François Braun, la valeur d'un paquet de cigarettes doit s'équilibrer "avec l'inflation". Il a donc assuré qu'il ne s'interdisait "pas de continuer l'augmentation" du prix du tabac.

Alexis Lalemant, Alexandre Distel