"Que vont devenir nos patients?": les transports de personnes à mobilité réduite menacés

Caroline a lancé son entreprise TPMR (transport de personnes à mobilité réduite) il y a trois ans, dans le Médoc, en Gironde. Avec son mari et un employé, ils transportent chaque semaine une trentaine de patients en fauteuil roulant. Objectif: les accompagner à des rendez-vous médicaux.
Les chauffeurs sont formés, notamment aux premiers secours. Ces déplacements sont remboursés par la Sécurité sociale, et les TPMR sont conventionnés. Mais tout ça, c'est bientôt fini.
“Ils veulent nous enlever nos conventions car il n’y a pas de cadre réglementé. On a besoin, nous aussi, de rentrer dans un cadre et on ne peut pas disparaître comme ça et laisser les gens sur le carreau. Ça va renforcer encore plus l’isolement de certaines personnes, notamment en territoire rural”, déplore Caroline au micro de RMC.
Lancement d'une pétition pour les TPMR
Et si Caroline s'inquiète autant, c'est parce que ça a déjà commencé: en Haute-Saône par exemple, l'Assurance maladie a retiré sa convention à une entreprise TPMR.
Pourtant, ces entreprises pallient un manque: les patients handicapés ont du mal à trouver un taxi ou une ambulance, faute de transport sanitaire, particulièrement en zone rurale. Et 10.000 personnes sont d'accord et ont signé une pétition pour protéger les TPMR.
“Moi, j’ai besoin de ce type de transport, mais on m’a expliqué que ce n'était pas possible. Ce n'est pas parce qu’on n'est pas en fauteuil, qu’on n'en a pas besoin”, témoigne Malika, en situation de handicap et signataire de la pétition.
Pourquoi mettre fin à ces conventions?
Jusque-là, ces entreprises obtenaient des dérogations pour exercer. Peu à peu, les conventions ne sont plus renouvelées. Ça s'explique par un manque de volonté politique de créer un cadre légal pour les TPMR, d'après un député de la majorité. Mais aussi, pour faire des économies, alors qu'un rapport de 2021 pointe les énormes dépenses des transports sanitaires, qui ont doublé en 20 ans.
Des décisions que les professionnels du secteur comme Caroline ne comprennent pas, alors que les TPMR sont souvent moins chers qu'une ambulance ou un taxi.
“On ne peut pas rester comme ça encore 20 ans. Que vont devenir nos patients? On demande vraiment à être entendu et reçu par les ministères concernés si possible”, conclut-elle.
RMC a donc sollicité les ministères des Transports, du Handicap, de la Santé… Malheureusement, ils se renvoient tous la balle.
L'appel de Caroline a toutefois été entendu par le ministère de la Santé: le cabinet du ministre Aurélien Rousseau s'engage à la recevoir afin de rouvrir les discussions et, peut-être, trouver enfin un terrain d'entente pour le bien des 5.000 patients transportés chaque semaine par les entreprises TPMR.