"Sans l'AME, je n'aurais pas eu de suivi de grossesse": le témoignage d'une ancienne sans-papiers

Les médecins sont prêts à désobéir. Après le vote au Sénat de la suppression de l'Aide médicale d'Etat (AME), qui permet notamment aux étrangers en situation irrégulière d'avoir accès aux gratuitement soins, 3.500 praticiens ont signé une pétition, se disant prêts à continuer à soigner.
L'AME permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'une prise en charge à 100% de leurs soins médicaux dans la limite des tarifs prévus par la sécurité sociale. Malika, qui vit dans le Nord, en a bénéficié lorsqu'elle était enceinte.: "J'ai eu un suivi correct et j'ai pu accoucher dans des conditions correctes", raconte ce lundi sur RMC et RMC Story celle qui a été en situation irrégulière de 2003 à 2011.
"Sans l'AME, je ne pense pas qu'on m'aurait refusé l'entrée à l'hôpital mais je n'aurais pas eu tout le suivi de grossesse qui est essentiel pour la santé du bébé mais aussi pour la santé de la mère", poursuit Malika.
"On dit beaucoup que les étrangers viennent en France pour les aides, mais moi j'ignorais que ça existait", ajoute-t-elle aux "Grandes Gueules".
"Le système est fait pour inciter les gens à ne pas se régulariser"
Marié à une ancienne sans-papiers, David estime lui que certains étrangers en situation irrégulière bénéficient d'avantages et ne se régularisent pas pour continuer à en profiter.
"Une fois qu'on est rentré dans la légalité, on paie tout plein pot, ma femme a tout perdu. Beaucoup de ses compatriotes ne se régularisent pas, sinon ils vont tout perdre", assure-t-il.
Il assure que cela va au-delà des questions de santé: "S'ils ont des enfants et s'ils se régularisent, les activités sportives ne sont plus gratuites, la cantine n'est plus gratuite. Même au niveau du travail, s'ils se déclarent, ils perdent tout, le patron a des charges et leur salaire passe de 2.000 à 1.500 euros". "Le système est fait pour inciter les gens à ne pas se régulariser", conclut David.