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Semaine du cerveau: "Le cerveau est un antidouleur très puissant"

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Du 13 au 19 mars 2017 se tient la 19e édition de la semaine du cerveau, pour sensibiliser le grand public à l’importance de la recherche sur cet organe. Interview de Michel Le Van Quyen, chercheur à l'INSERM et directeur d'un groupe de recherche à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière.

Michel Le Van Quyen est l'auteur des Pouvoirs de l'esprit, et d'Améliorer son cerveau, aux éditions Flammarion. Chercheur en neurosciences à l'Inserm, et à l’Institut de cerveau et de la moelle épinière de Paris, il explique à RMC.fr les méthodes pour maîtriser son cerveau. 

Le cerveau a la capacité de se transformer lui-même, pour acquérir des compétences inédites et des nouveaux savoir-faire. Ce n’est pas un organe figé, il peut s’améliorer, améliorer le bien-être, la concentration, et les performances intellectuelles.

Par exemple, la méditation est une méthode développée depuis très longtemps. Méditer a un effet direct sur les émotions, et permet une meilleure régulation émotionnelle. La plupart du temps, on pense à autre chose, aux projets qu’on a dans l’avenir, on rumine des choses du passé, et très peu au moment présent. La méditation permet de se recentrer, d’améliorer le bien-être, voire la dépression légère, de réguler les peurs et les angoisses.

"Le sommeil joue un rôle très important dans la fixation du souvenir"

Le sommeil agit aussi sur le bon fonctionnement du cerveau. Le sommeil profond est une phase très importante: c’est le plus réparateur, il donne les bénéfices les plus importants sur l’organisme. Les toxines qui s’accumulent dans le cerveau au cours de la journée sont évacuées. Il joue aussi un rôle très important dans la fixation du souvenir.

Un système, en cours de développement, est un bandeau qui s’appelle "Dream". On le met avant de dormir, et lorsqu’on est dans la phase du sommeil profond, il émet des petits bruits qui ne réveillent pas, et qui ont tendance à augmenter les ondes cérébrales. Ces stimulations ont un effet positif sur la mémoire. On pense que ce système pourrait être intéressant pour des gens atteints de troubles de la mémoire, en particulier chez les personnes âgées, chez qui la corrélation troubles de la mémoire et troubles du sommeil est avérée. Beaucoup de laboratoires commencent à travailler dessus actuellement.

"On peut entraîner notre cerveau à se détendre chaque jour"

De nombreux dispositifs à usages médicaux commencent à se diffuser auprès du public. Une vague technologique apparaît dans notre quotidien, grâce à des casques, qu’on porte de manière intermittente, qui enregistrent et modulent l’activité du cerveau. On peut les utiliser à domicile, dans les transports en commun… Plusieurs dispositifs permettent de réduire le stress. Par exemple un casque, baptisé "Melomind", qu’on met sur la tête, permet d’entendre de la musique, paramétrée et contrôlée par l’activité du cerveau. Ce système aide à se relaxer. Comme un sportif qui s’entraîne quotidiennement, on peut entraîner notre cerveau à se détendre chaque jour, pour le bien-être et l’amélioration de la santé.

En revanche, certains casques plus actifs modulent l’activité du cerveau par des petits champs électriques. Quelques sportifs les utilisent: cette forme de technique a un effet sur les performances motrices. Si le haut de la tête est stimulé électriquement, cela produit un effet sur la force physique, la rapidité des réflexes… Ce casque est développé dans le sport, pour parfaire la forme physique des athlètes de haut niveau. Beaucoup de sportifs participant aux Jeux Olympiques de Rio y ont eu recours. Je suis plus réservé quant à son utilisation: c’est une forme électronique de dopage, indétectable par les autorités sportives.

On ne connaît pas bien leurs effets à long terme: est-ce que ça peut créer une addiction auprès des sujets vulnérables? On peut aussi améliorer une fonction, et en détériorer une autre. Ces systèmes n’ont pas de finalité médicale. Toutes les technologies ne sont pas dangereuses, mais certaines d'entre elles peuvent l’être.

"Le cerveau est un médicament"

Le cerveau est un médicament: il a cette capacité de générer des molécules guérisseuses, de manière interne. "Ca marche parce que j’y crois": c'est le principe de l'autosuggestion. Un remède qu’on pense être efficace va agir efficacement. Une attitude mentale positive, par rapport à l’amélioration d’un état, va permettre au cerveau d’anticiper et de générer des molécules qui vont réduire les douleurs. Le cerveau est un antidouleur très puissant.

La médecine conventionnelle est extrêmement efficace, mais aborde le corps au niveau physico-chimique: les médicaments modulent des phénomènes biologiques. Les médecines complémentaires proposent, non pas d’arrêter les médicaments, mais de réduire leur nombre, et d’impliquer le patient de façon plus importante. Il découvre en lui-même des ressources cachées, pour développer des possibilités de guérison. Ces techniques ne guériront pas le cancer par exemple, mais favorisent le rétablissement.

En France, 150.000 hospitalisations sont dues à des accidents pharmacologiques: les gens prennent mal les médicaments, ou trop. On prend aussi beaucoup de tranquillisants ou de somnifères. C’est un véritable problème de santé publique, que ces médecines complémentaires peuvent améliorer".

Propos recueillis par Alexandra Milhat