Sexualité des seniors: "l'amour ne s'arrête pas aux portes de la maison de retraite"

- - Flickr/CC/Candida.Performa
Gérard Simon est médecin gériatre retraité, il anime régulièrement des conférences sur la sexualité des seniors:
"Je tiens des conférences sur le sujet et ça intéresse toute sorte de public: les plus jeunes qui ont une représentation un peu négative de la sexualité de leurs parents et les professionnels de la gérontologie qui sont confrontés assez fréquemment dans certains établissements à des situations où l'amour entre personnes de 80-90 ans s'impose et permet aux uns et aux autres de s'épanouir tardivement.
J'ai réalisé une enquête durant laquelle j'ai suivi des professionnels de deux maisons de retraite. J'ai rencontré les résidents et je me suis aperçu qu'on ne laissait pas l'amour à la porte de la résidence. Il y a des relations qui se nouent.
Le mythe de la femme ménopausée qui n'a plus de sexualité
Les seniors qui viennent à mes conférences veulent démystifier l'amour, la sexualité après 60 ans. Pour les femmes, c'est surtout la préoccupation des conséquences de la ménopause. Il y a un mythe persistant qui dit que la femme qui n'est plus en mesure de procréer n'a plus de sexualité. Et on se dit que la sexualité pour le plaisir, c'est terminé et on passe à autre chose. C'est faux!
Chez l'homme ça arrive vers 60 ans, au moment de la retraite quand il perd son statut social, au moment où il retrouve sa conjointe. Et cela peut aussi aboutir à une crise de la sexualité. Ça devrait être un nouveau départ, et bien souvent c'est une crise qui peut aboutir au divorce. Il y a d'ailleurs un pic de divorces à cet âge-là. Alors qu'il est possible de continuer d'avoir une sexualité à un âge très avancé.
Le problème évoqué par les femmes est celui de l'excitation et de l'orgasme difficile à atteindre. Chez les hommes, ce sont plutôt les problèmes d'impuissance. Mais on peut garder une sexualité active et satisfaisante jusqu'à la veille de sa mort!
"C'est très bon pour la santé"
Il n'y a pas plus de précautions à prendre que dans la vie quotidienne. C'est une émotion, un exercice physique, donc il faut s'adapter en fonction de sa condition, de ses handicaps, qui sont ceux du grand âge. Mais pour ceux qui sont en bonne santé physique et mentale, il n'y a aucune raison de modifier sa sexualité.
C'est très bon pour la santé. Ça permet d'augmenter l'espérance de vie, de créer des liens, d'être plus inventif avec son partenaire. Et ça permet de se relaxer, de mettre de l'harmonie dans un couple.
Les choses évoluent. L'architecture des maisons de retraite n'est pas propice aux rencontres et à l'intimité, il y a un problème de ce côté-là, il faut y réfléchir et peut-être transformer les établissements.
L'autre problème c'est la représentation qu'ont les soignants de la sexualité des aînés qui est la même que celle de la société: qu'à partir d'un certain âge, il n'y a plus de sexualité, voire que c'est cochon. Donc cette représentation doit être travaillée et évoluer progressivement. Déjà la représentation de la vieillesse est difficile mais la représentation de personnes très âgées en situation intime c'est aussi difficile. Il y a un travail à faire, mais ça évolue assez rapidement".