"Table basse contre pack de lait": comment un groupe Facebook de troc est devenu "indispensable"

Des jeux d’enfants contre des chocolats de Pâques, des DVD contre une boîte de conserve, des livres contre un pack d’eau… Ce sont quelques-unes des dernières annonces postées sur un groupe Facebook de troc en Mayenne, qui compte désormais plus de 10.800 membres. Un "succès" forcément peu rassurant pour son administratrice, Elodie Goupil.
"A la base, c’était troquer contre quelque chose pour ne pas jeter à la poubelle. Là, depuis quelque temps, depuis deux ans environ, c’est en majorité de l’alimentaire", explique-t-elle dans Apolline Matin ce vendredi sur RMC et RMC Story. Des packs de lait ou encore du sucre figurent aussi parmi les produits alimentaires réclamés en échange de quelques vieux objets.
"Si vous aviez à demander de la nourriture, vous seriez à l’aise? La nourriture, c’est un besoin premier. Quand vous avouez à quelqu’un que vous n’arrivez pas à manger, que vous avez besoin d’aide, votre fierté en prend un coup", confie Elodie.
Comment a-t-elle eu l’idée de lancer ce groupe? "Je suis en invalidité, je touche très peu. Des choses me donnaient envie, comme tout le monde, sauf que je n’avais pas les moyens de les acheter. J’avais beaucoup de nourriture à la maison donc je me suis dit que j’allais essayer d’échanger, voir si ça intéresse quelqu’un. Du coup, c’est parti de là".
"Ça va commencer à être compliqué"
"On a des habitués, qui postent régulièrement, ajoute Elodie. Ça peut aller d’un paquet d’élastiques pour les cheveux à des meubles, à des vêtements, à des jouets… Il y a vraiment de tout. Si vous cherchez quelque chose, je crois qu’on est vraiment un des plus grands magasins, vous allez trouver de tout."
Son rôle dans ce groupe lui demande beaucoup. Mais il est devenu "indispensable" pour les habitants qui l’utilisent. "Si un jour, je voulais arrêter et fermer le groupe, comment on fait? Je n’ai plus la liberté de me dire que j’arrête parce que ma vie privée prend plus de place ou quoi ce soit… Je ne peux pas faire. C’est tellement devenu indispensable que ce n’est pas possible", assure l’administratrice.
"Je ne vais pas jeter des gens, mais on se retrouve avec encore plus de travail", reconnaît-elle alors que les médias s’intéressent aussi désormais à ce "succès". "Je suis aussi dans la précarité que certains, souligne Elodie, future maman d’une petite Apolline. Ça prend énormément sur la vie privée et ça va commencer à être compliqué avec l’arrivée d’un bébé. Je ne sais pas trop comment on va gérer tout ça."