Assouplissement des ZFE: "On oublie de dire que la qualité de l’air reste mauvaise"

Le gouvernement désamorce une bombe sociale, la mise en place des zones à faible émission dans les grandes villes. Petit rappel: le dispositif des ZFE instauré par la loi en 2019 prévoit des restrictions de circulation pour les voitures polluantes dans les villes où la qualité de l'air est trop dégradée. Une qualité de l’air mesurée chaque année par un rapport, publié ce mardi.
Et le verdict est très clair: la qualité de l’air s’améliore dans beaucoup de villes, au point que sur les 43 agglomérations concernées, seules deux d’entre elles, Paris et Lyon, seront désormais contraintes au 1er janvier 2025 d'interdire les véhicules Crit'Air 3, soit les voitures diesel de plus de 14 ans et les voitures à essence de plus de 19 ans. Elles étaient 15 en 2016. Cette restriction concerne toute de même plus de 1,5 million de véhicules, dont 1,3 million dans la région parisienne.
Une interdiction "pédagogique" à Strasbourg
Marseille, Strasbourg et Rouen sortent de la liste des métropoles dépassant de manière régulière les seuils réglementaires de qualité de l’air. Elles n’ont plus l’obligation de mettre en place des mesures plus restrictives, mais doivent garder celles déjà mises en place. Marseille et Rouen ont ainsi indiqué qu’elles ne mettraient pas en place l’interdiction des Crit’Air 3, à la différence de la métropole de Strasbourg, qui pratique déjà une interdiction "pédagogique" depuis le 1er janvier 2024.
Dans les 30 agglomérations n’ayant pas encore envisagé de règles, la seule obligation prévue par la loi est la restriction de circulation, avant le 1er janvier 2025, des voitures de plus de 30 ans et des camions de plus de 25 ans.
"Une analyse malhonnête du gouvernement"
Chaque année la pollution de l'air est responsable de 40.000 décès prématurés en France. "Je suis très mécontent, explique Tony Renucci, directeur général de l’association Respire. Ça part d’une analyse malhonnête du gouvernement selon lequel, parce que la qualité de l’air s’améliore, il faudrait avoir moins de restrictions. Si la qualité de l’air s’améliore en 2023, c’est parce qu’il y a eu des conditions météorologiques qui ont permis la dispersion des polluants. Ce n’est pas grâce aux efforts du gouvernement. On oublie de dire que la qualité de l’air reste mauvaise. Finalement, ce qu’on dit aux collectivités concernées, c’est qu’elles peuvent mettre des calendriers moins ambitieux, voire rien du tout à partir interdire les véhicules non classés."