"De 130 à 30 km/h sur l'autoroute": 1.850 automobilistes attaquent le groupe Renault

Plus de 1.850 propriétaires de véhicules des marques Renault, Dacia et Nissan vont porter plainte au pénal aujourd'hui contre le groupe au tribunal de Nanterre. En cause: une surconsommation d'huile et dans les cas les plus graves des casses moteurs. Les plaignants dénoncent une "tromperie aggravée et des pratiques commerciales trompeuses" de la part du constructeur automobile alors qu'environ 133.000 véhicules seraient concernés en France.
Et parmi les victimes, beaucoup ont eu des sueurs froides sur la route avec leurs véhicules. C'est le cas de Bastien, il y a trois ans, sur la route des vacances au volant de son Grand Scénic accompagné de sa femme et son bébé: "J'étais en train de dépasser sur la voie de gauche un poids-lourd et une voiture, à 130 km/h, et d'un coup vous décélérez voie de gauche brutalement et vous essayez de vous mettre sur la bande d'arrêt d'urgence en débrayant. C'est une expérience traumatisante", raconte-t-il à RMC.
"Un scandale en termes de gestion des sinistres"
En cause, le moteur essence 1,2 litre TCe, installé sur 400.000 véhicules en Europe entre 2012 et 2016. "L'huile se mélange dans le moteur avec l'essence et brûle, ce qui génère de la calamine, des déchets carbonés", explique Christophe Léguevaques, l'avocat des plaignants, dans "Charles Matin" ce lundi sur RMC. "La calamine va s'agglutiner autour des soupapes et dans certains cas, ces soupapes vont casser alors qu'on est sur l'autoroute. Entre 40.000 et 80.000 km, vous allez avoir une perte de puissance et passer de 130 à 30 km/h et vous mettre dans une situation de danger", détaille le conseil.
Au-delà des défaillances matérielles, c'est l'attitude du groupe Renault que dénonce Bastien: "C'est aussi un scandale en termes de gestion des sinistres. Il n'y a eu aucune campagne de rappel ni de reconnaissance du problème. On parle de surconsommation d'huile mais c'est surtout des casses moteurs par milliers".
Pas d'indemnisation et des voitures toujours vendues
Comme Bastien, Christophe Léguevaques déplore l'attitude de Renault. "Quand on veut réparer le moteur cassé, cela coûte 10.000 euros. Et Renault se dit prêt à prendre en charge seulement 3 à 4.000 euros et le reste à la charge du propriétaire. Ce n'est pas une indemnisation, juste un accompagnement pour récupérer le véhicule acheté", raconte-t-il.
Selon l'avocat, citant des documents internes du constructeur automobile, Renault connaissait le problème de ces moteurs depuis 2015, sans juger bon d'en avertir les autorités et les propriétaires de voitures possiblement défaillantes. En outre, Renault continuerait à vendre des véhicules équipés du moteur essence 1 litre 2 TCe, à l'origine des casses. "Ces véhicules continuent de rouler et sont encore vendus par le réseau Renault sans la moindre information ou le moindre avertissement", alerte l'avocat, qui regrette l'inaction des autorités politiques. "On est en train de faire le travail qui n'a pas été fait par l'Etat, c'est-à-dire analyser en profondeur les dommages".
Avec la plainte déposée ce lundi, Christophe Léguevaques veut sanctionner le comportement délictuel de Renault. Les plaignants espèrent obtenir une "juste réparation", du préjudice matériel et moral. Et un remboursement intégral des véhicules défaillants.