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Grève dans l'aérien: "On passe un peu pour des blaireaux", peste ce contrôleur

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270 contrôleurs aériens sur quelque 1.400 se sont déclarés grévistes jeudi, selon une source citée par l'AFP. "Le pouvoir de nuisance est énorme, même si la grève est peu suivie. Ça impacte beaucoup de gens", concède Paul, contrôleur aérien syndiqué chez le SNCTA, qui ne suit pas le mouvement.

Le deuxième syndicat d'aiguilleurs du ciel (17% des voix aux dernières élections professionnelles), l'Unsa-Icna, a appelé à la grève jeudi et vendredi. Le troisième, l'Usac-CGT (16% des suffrages), a rejoint le mouvement mais seulement pour jeudi.

Le ministre des Transports Philippe Tabarot a exclu mercredi de céder aux revendications de syndicats de contrôleurs aériens, qualifiées d'"inacceptables", à la veille du début d'une grève qui devrait entraîner d'importantes perturbations juste avant les vacances scolaires.

Contrôleurs aériens, faire grève quand on gagne 96 000 euros par an : scandaleux ? - 03/07
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"Les syndicats minoritaires font grève pour exister"

Le premier syndicat, le SNCTA (60% des voix), a indiqué à l'AFP ne pas appeler à la grève. Selon une source proche du dossier, 270 contrôleurs aériens sur quelque 1.400 se sont déclarés grévistes jeudi.

"Les syndicats minoritaires, à mon sens, font grève pour exister. On passe un peu pour des blaireaux. C'est dommage, il y a déjà des choses qui ont été négociées. Après, l’État ne tient pas forcément ses promesses, mais le syndicat majoritaire est sur le coup", témoigne ce jeudi sur RMC Paul, contrôleur aérien syndiqué chez le SNCTA.

"Le pouvoir de nuisance est énorme, même si la grève est peu suivie. Ça impacte beaucoup de gens, surtout quand un vol est annulé", regrette Paul, contrôleur aérien

Un mouvement de grève parfois pointé du doigt ou mal compris, certains mettant en avant les rémunérations de la profession. En effet, les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (Icna) figurent parmi les fonctionnaires les mieux payés, avec un salaire brut moyen "de l'ordre de 96.000 euros par an, soit environ 8.000 euros mensuels", selon un rapport du Sénat d'octobre 2024.

"Je comprends que pour les gens, ça ne semble pas normal mais les responsabilités sont énormes", appuie Paul. Une réforme est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d'un "incident grave" à l'aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision.

"Management toxique"

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) en a fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail de contrôleurs, sans respect du tableau de service. "Les gens ne se rendent pas compte : ils boivent le café dans l’avion, mais parfois, ça se frôle. Il y a une multiplication des "hors normes", des avions qui passent trop près les uns des autres", explique Paul au micro d'Estelle Midi.

L'Unsa-Icna pointe de son côté "un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l'été", des outils obsolètes et "un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés".

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