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Vendée Globe: qui est Clarisse Crémer, lâchée par ses sponsors après être devenue maman?

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Clarisse Crémer, navigatrice du bateau sponsorisé par Banque populaire pour le Vendée Globe, qu'elle a terminé à la douzième position en 2021, vient de perdre sa place après sa maternité.

"Je viens d’avoir un enfant et on agit avec moi comme si j’étais périmée." C'est par ces mots que Clarisse Crémer a annoncé qu'elle ne sera pas au départ du Vendée Globe 2024. Cette navigatrice professionnelle de 33 ans qui a découvert la voile pendant ses études à HEC a gravit les échelons, petit à petit, dans le monde de la voile. Du Tour de la France à la voile à la Solitaire du Figaro, elle parvient au sommet en 2020 en participant la course la plus dure et la plus prestigieuse, le tour du monde en solitaire et sans escale: le Vendée Globe. Elle termine douzième et bat le record féminin de l’épreuve. Son sponsor “Banques Populaire” décide de la suivre et d’acheter un nouveau bateau pour la prochaine édition du Vendée Globe en 2024.

Clarisse Crémer prévient son partenaire qu’elle a un projet de bébé, ce qui ne semble pas poser de problème. De fait, elle donne naissance à une petite fille en novembre dernier.

"J’ai donné naissance en novembre 2022 à une petite fille. Alors que rien ne m’y obligeait, j’avais informé mon sponsor Banque Populaire dès février 2021 de mon projet d’enfant. Ils m’ont tout de même choisie pour ce nouveau Vendée Globe et ont communiqué sur notre engagement mutuel à l’automne 2021" explique la skippeuse.

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Mais entre-temps, le règlement du Vendée Globe a changé. Pour pouvoir s’inscrire, il faut avoir parcouru une certaine distance en course au cours des années précédentes. La Banque populaire estime qu'à cause de sa grossesse, elle risque de ne pas atteindre ce minimum requis et pour ne pas prendre de risque, à regret, Clarisse est écartée et un autre navigateur fera la course à sa place.

"Je suis dans l'incompréhension"

La jeune femme se dit sous le choc. Manque de chance pour le sponsor, Clarisse Crémer est une excellente communicante, son premier métier avant de devenir navigatrice. Jeudi, elle publie un communiqué titré "Banque populaire décide de me laisser à quai". Elle affirme qu'elle avait le temps de faire assez de course pour se qualifier, mais elle constate que Banque populaire "est prêt à assumer le risque d’un trimaran géant, et tous les aléas naturels, techniques et humains liés à la course au large, mais visiblement pas celui de la maternité."

"Oui, j’ai eu parfois l’impression d’être fautive parce que je voulais avoir un bébé, d’être celle qui mettait le Team en danger. Ils disent qu’ils se doivent d’être au départ du prochain Vendée Globe, je suis devenue un risque pour eux. La course à la qualification est pourtant loin d’être terminée. Certains marins n’ont pas encore mis de bateau à l’eau, leur projet se poursuit. Pourquoi pas le mien ?", dénonce-t-elle.

Elle reproche aussi un double discours de communication de son sponsor: "Si la course au large existe aujourd'hui c'est parce que des sponsors la choisissent comme levier de communication et s'en servent pour raconter de belles histoires sportives et donc, a priori, humaines. Je suis dans l’incompréhension totale face à l'histoire que ce sponsor fait le choix de raconter aujourd'hui : 'Le Vendée Globe, à tout prix.'", rajoute la skippeuse.

Effectivement, Banque populaire qui investit des fortunes dans la voile pour se construire une image n’avait sans doute pas mesuré que virer une femme qui vient d’accoucher, ce n'était pas une bonne idée.

Oudéa-Castéra: "Ses chances ne sont pas éteintes"

En attendant, sponsors et organisation se rejettent la faute. Banque populaire dit avoir "proposé plusieurs solutions à l'organisation", "toutes rejetées", alors que l'organisation déclare vouloir "préserver l'équité envers l'ensembles des prétendants".

Tout cela était avant l'intervention de la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui explique avoir contacté Alain Leboeuf, président du Vendée Globe, qui "reconnaît que le règlement de la course devra impérativement évoluer pour permettre aux navigatrices de vivre sereinement leur maternité". Elle le jure, "pour 2024, les chances de Clarisse ne sont pas éteintes."

Nicolas Poincaré avec MM