Sylvie, victime d'un burn-out: "Je n'arrivais plus à lire, à aligner trois mots"

Une charge de travail trop lourde, une vie de famille réduite à peau de chagrin... Pendant des années, Sylvie supporte en silence, jusqu'au 2 juin 2014. "Je suis arrivée dans mon bureau en me disant que je n'étais pas bien. J'étais super fatiguée, je me sentais faible et je suis tombée, se souvient-elle sur RMC. On m'a pris ma tension, j'avais 7… A ce moment-là, on ne sait pas ce qu'il nous arrive". En réalité, Sylvie vient de faire un burn-out.
"Dans la honte et la culpabilité"
Dès lors, les arrêts maladie s'enchaînent pour cette mère de deux enfants. Une lente et longue descente aux enfers. "On s'allonge, on se relève, on est fatigué mais on arrive pas à dormir…, raconte-t-elle. On a la tête complètement vide… Impossible de pouvoir aligner trois mots. Je ne pouvais même plus lire. Je finissais une page, je ne me rappelais même plus ce qu'il y avait au début. Vous imaginez donc ce que cela peut être comme souffrance."
"On est dans la honte et la culpabilité, estime-t-elle. La honte, c'est de ne plus pouvoir travailler, de ne plus pouvoir s'habiller, manger, de ne plus apprécier le soleil qui brille…". Alors que le socialiste Benoît Hamon dépose ce mercredi à l'Assemblée nationale une proposition de loi, signée par plus de 80 députés, visant à reconnaître le burn-out comme une maladie professionnelle, Sylvie, suivie par un psychiatre depuis près de deux ans, espère que ce texte sera voté par les députés.
Maladie professionnelle ou non?
"Bien sûr que c'est une maladie, assure-t-elle. On a envie de parler avec ses tripes. On a envie de leur montrer que c'est le travail qui nous a mis dans cette situation. Si c'était reconnu comme une maladie professionnelle, cela permettrait peut-être à d'autres de ne pas tomber jusqu'où moi je suis tombée…" Cela impliquerait aussi que les patients victimes de burn-out ne soient plus indemnisés par la Sécurité sociale, mais par les entreprises. De quoi les responsabiliser, selon le docteur Alain Meunier, le thérapeute de Sylvie.
"Les entreprises ont souvent peur car cela va leur coûter de l'argent, indique-t-il. Car l'arrêt pendant deux ans d'un cadre d'une société coûte très cher. C'est une vraie force de travail qui s'en va. Je pense donc que le calcul est vite fait: le burn-out coûte certainement beaucoup plus cher que ne coûterait sa prévention". Il est aujourd'hui impossible de donner un chiffre précis sur le nombre de personnes exposées au burn-out en France: 30.000 selon l'Institut de veille sanitaire, trois millions selon un cabinet spécialisé dans la prévention des risques professionnels.