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Avions hypersoniques: bientôt un Paris - New York en une heure?

Les projets d'avions hypersoniques ne cessent d'arriver sur la table avec un rêve: aller plus vite que le Concorde, recordman de vitesse pour un avion civil, et possiblement traverser l'Atlantique en une toute petite heure.

Rien qu'à l'idée d'un Paris-New York en moins d’une heure et le souvenir du Concorde revient en tête. Tout cela sera bientôt peut-être possible. On connaît déjà les avions supersoniques, comme le Concorde, l'intérêt se trouve maintenant dans la catégorie au-dessus, celle des avions dits "hypersoniques" qui volent à plus de cinq fois la vitesse du son.

Le temps de finir la lecture de cet article et on aurait déjà traversé la France. Les projets se multiplient, le dernier en date a été présenté il y a quelques jours: le Stargazer ("l’observateur des étoiles") pourra voler à plus de 10.000 km/h. Conçu par une startup américaine, Venus Aerospace, qui promet un Tokyo-Los Angeles en une heure chrono, contre 11 heures aujourd’hui.

Après tout cela, il reste de nombreux défis technologiques: développer un moteur ultra performant évidemment, mais aussi un fuselage capable de résister à de très hautes températures à cause de la friction de l’air à haute vitesse. Et puis quel type de carburant serait utilisé? Vu la vitesse, la consommation serait absolument énorme, ce qui avait déjà amené à la fin du Concorde à son époque et qui en plus n'est pas vraiment dans l’air du temps, que ce soit pour des raisons économiques ou écologiques.

Un billet qui risque d'être très cher

Ce qui amène au deuxième point: le prix des billets. Il est clair que ce ne sera pas des vols transatlantiques à 500 euros. Ses créateurs disent que l’avion pourrait être rentable avec des billets autour de 3.000 euros. Ça reste à prouver.

Pour les passagers, il n'y aura pas de grosse différence. Demandez à ceux qui ont pris le Concorde, qui volaient déjà au-dessus de la vitesse du son. Ça ne fait pas une grosse différence. La phase d’accélération au décollage durera plus longtemps, mais ce ne sera pas désagréable pour les passagers et on ne sera pas cloué au siège comme dans un avion de chasse.

Ce projet Stargazer est un projet parmi d’autres: Boeing par exemple, a dévoilé il y a quelques mois un projet d’avion hypersonique capable lui aussi de traverser l’Atlantique en moins de deux heures, qui ne devrait pas voir le jour avant 20 ans. La Chine travaille sur un "iPlane". Un avion britannique est aussi en projet pour relier Londres à Syndey en quatre heures, contre 22 aujourd’hui, dans lequel le gouvernement britannique a investit à hauteur de plusieurs dizaines de millions.

On peut aussi citer le projet Hermeus – fondée par des anciens de SpaceX - qui veut proposer des vols transatlantiques en 90 minutes chrono. Il a récemment présenté un prototype et veut proposer des premiers vols d’essai d’ici la fin de la décennie. Un autre avion, baptisé Quarterhorse ("cheval de course" en anglais), tout petit, très élancé, qui ressemble plus à un drone ou à un missile qu’à un avion de ligne, sans hublots, pourrait à terme embarquer une vingtaine de passagers.

Un retour de la course à la vitesse dans le civil

Ce qui est intéressant, c’est de voir que la course à la vitesse a repris. L’aérien civil, c’est l’un des seuls domaines où l’on avait régressé technologiquement, les avions classiques supersoniques ayant été rayés de la carte après la mise au rebus du Concorde, en 2003. Dans les années 2000, le progrès aérien était à l'avion gros-porteur, avec l'Airbus A380, record à 1.333 km/h, là où dès les années 60 on réflichissait et faisait voler des avions supersoniques à 2.232 km/h, record du Concorde.

Ces avions pourraient aussi avoir des applications militaires. Ceux qui sont allés voir Top Gun sont déjà familiers avec le concept d’avions hypersoniques, le Darkstar est l’une des stars du film. Ces derniers mois on a aussi beaucoup parlé des missiles hypersoniques utilisés par la Russie. Toutes les grandes puissances armées travaillent sur les technologies hypersoniques, que ce soit des missiles ou des avions, très difficiles à intercepter et capables de frapper n’importe quel point du globe en quelques heures. Ce n’est pas un hasard si Hermeus est notamment financé par l’US Air Force. La France travaille elle aussi sur le sujet avec un projet de planeur hypersonique mais aussi du transport de marchandise ultra rapide.

Anthony Morel (avec MM)