Enfants, écrans et troubles du langage: les conseils d'une orthophoniste sur RMC
Les écrans sont-ils un poison au quotidien? Une nouvelle étude réalisée auprès de jeunes enfants d'Ille-et-Vilaine tend à démontrer que les petits exposés aux écrans (télévision, console de jeux, tablette, smartphone, ordinateur) le matin avant l'école ont trois fois plus de risque d'avoir des troubles du langage.
Si l'étude ne peut pas prouver le lien direct de cause à effet, mais établit un lien statistique certain, renforcé par les résultats de la recherche médicale déjà publiée.
Des études ont déjà montré que les jeunes enfants exposés aux écrans avaient moins d'interaction émotionnelle avec leur entourage qui est pourtant nécessaire à leur développement psychomoteur, en particulier le développement du langage.
"Des enfants de plus en plus abîmés"
Un bilan que déplore Carole Vanhoutte, orthophoniste. Invitée de RMC, elle est revenue sur les troubles de plus en plus fréquents qu'elle constate chez ses plus jeunes patients. Selon elle, les professionnels du langage reçoivent de plus en plus de patients "qui, à 3 ans, ne parlent pas du tout. Ils sont de plus en plus abîmés".
Elle met directement en cause le rôle des écrans aujourd'hui. L'usage des médias numériques a augmenté au cours de la dernière décennie, y compris pour les jeunes enfants qui ont accès à la télévision, aux ordinateurs, aux consoles de jeux, aux tablettes et aux smartphones.
"La société a une responsabilité dans l’utilisation des écrans, qui est valorisée dans notre société. On n’apprend pas à parler, lire ou compter avec une application. Un enfant est complètement hypnotisé." déplore-t-elle.
"Les écrans coupent les enfants de leurs besoins fondamentaux: le jeu et le travail. Jouons, passons du temps avec nos enfants!" demande-t-elle aux parents.
En France, le développement du langage des enfants est évalué en médecine scolaire à l'âge de 4 ans, selon une échelle validée par la Haute autorité de santé (HAS). Des études françaises ont montré que 4 à 6 % des enfants étaient atteints de troubles primaires du langage.