Qu'est-ce qu'Olvid, appli française destinée à remplacer Whatsapp et Telegram pour les ministres?

Un profil sur l'application Olvid - Capture Olvid.io
Après Tiktok, fini Whatsapp, Messenger, Telegram et Signal sur les portables des ministres. Dans un document daté du 22 novembre et révélé par Le Point, Matignon demande aux membres du gouvernement et des cabinets ministériels d'installer l'application de messagerie Olvid sur leurs téléphones et ordinateurs "en remplacement des autres messageries instantanées afin de renforcer la sécurité des échanges".
Les messageries "grand public" prendraient selon les services de la Première ministre une place grandissante dans les communications gouvernementales, mais ce seraient des messageries "pas dénuées de failles de sécurité". Depuis la campagne présidentielle de 2017, l'entourage d'Emmanuel Macron est en effet réputé faire un large usage de l'application russe Telegram.
Les membres du gouvernement Borne auraient ainsi jusqu'au 8 décembre pour se mettre à Olvid.
"Les conversations professionnelles n'ont rien à faire sur des applis comme WhatsApp ou Telegram", assure à l'AFP Baptiste Robert, chercheur en cybersécurité qui estime que cette mesure va dans le bon sens.
Pourquoi Olvid particulièrement?
Olvid est la première -et la seule- application à détenir la très stricte certification délivrée par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) depuis septembre 2020.
Olvid est censée garantir l'anonymat total. L'appli a été créée en 2019 par des experts français en cybersécurité. Son innovation a été de supprimer l'annuaire centralisé d'utilisateurs, afin d'atteindre une sécurisation maximale des conversations. Les messages sont chiffrés de bout en bout, une pratique désormais courante dans l'industrie, mais sur Olvid, leurs métadonnées (qui parle à qui et à quel moment) le sont également.
Le lien entre les interlocuteurs est direct, et les données ne sont donc pas conservées sur le serveur central d'Olvid. L'application présente donc l'avantage de ne pas nécessiter de sécurisation particulière pour les données dites sensibles. D'autant qu'une fois supprimée, l'application ne conserve aucune donnée.
Olvid peut-il être aussi populaire que Whatsapp et consorts?
Même si l'appli est disponible gratuitement sur Android, iPhone et sur ordinateur et assure avoir "tout d'une grande" sur son site internet, l'application devrait rencontrer quelques limites à sa généralisation au grand public.
Son principal atout est qu'elle ne nécessite pas de numéro de téléphone, d'adresse, de nom, de carte SIM ou de compte particulier pour s'inscrire. Même pas de date de naissance. Une connexion au Wifi suffit.
En revanche, pour rajouter son répertoire entier, il faudra être patient: faute d'annuaire centralisé -à des fins de sécurité- l'ajout d'un contact ne se fait qu'en scannant un QR code ou récupérant un code chiffré reçu par la personne que l'on souhaite ajouter.
"Les modèles sont différents. Olvid ne sera jamais virale comme WhatsApp (plus de 2 milliards d'utilisateurs mensuels)", assure Baptiste Robert, chercheur en cybersécurité.
Sans monayer les données de ses utilisateurs (entre 10.000 et 100.000 pour l'instant selon les sources), Olvid tire donc ses recettes des différentes versions Premium, payantes, pour les particuliers et professionnels, qui permettent de passer notamment des appels audio sécurisés pour 4.99€ par mois.
Signal se défend sur sa sécurité et tacle Borne
La présidente de la messagerie Signal, Meredith Whittaker, a accusé jeudi le gouvernement français de répandre de fausses informations en évoquant des "failles de sécurité" dans la plupart des applications de messageries.
"Je suis inquiète que la Première ministre française invoque des 'failles de sécurité' dans Signal (et autres) pour justifier cette décision. Cette affirmation n'est étayée par aucune preuve et est dangereusement trompeuse, en particulier venant d'un gouvernement", écrit-elle sur X (ex-Twitter).
"Si vous voulez avoir recours à une application française, faites-le ! Mais ne répandez pas de fausses informations en route", se défend-elle.