Reconnaissance faciale: tous complices malgré nous?
Quand la technologie travaille dans l’ombre. Sans le savoir, on entraîne des logiciels de reconnaissance faciale, ces logiciels censés reconnaître les gens sur une photo ou dans une vidéo, à mieux nous identifier. Les Etats-Unis, la Chine, utilisent la reconnaissance faciale à grande échelle. Pourtant les résultats ne sont pas très fiables pour le moment.
On s’est notamment aperçu aux Etats-Unis que ces logiciels n’arrivaient pas à différencier les afro-américains entre eux, ou qu’ils différencient moins bien les femmes que les hommes. Les logiciels chinois eux, confondent parfois piétons et affiches publicitaires.
Pour s’améliorer, la reconnaissance faciale a besoin d’absorber des quantités colossales d’images, des milliards de photos, les plus variés et précises possible. En les analysant, pixel par pixel, elle va devenir plus précise, elle va de mieux en mieux distinguer un être humain d’un autre. Problème: des banques d’images aussi vastes, ça n’existe pas.
Nos images pillées illégalement et sans consentement
Alors ces entreprises qui travaillent sur la reconnaissance faciale prennent nos propres photos comme celles qui traînent sur Google Image, Facebook, Twitter, Instagram et les font manger à leurs algorithmes !
En France, en théorie, le règlement sur la protection des données interdit l’utilisation sans autorisation de notre image. Mais les entreprises de reconnaissance faciale le font quand même, notamment parce qu’elles ont peu de chance de se faire prendre. Si on veut les empêcher d’utiliser nos photos, une appli peut nous aider, créé par des chercheurs américains. Elle s’appelle Fawkes et c’est un logiciel qui trompe la reconnaissance faciale. En gros, on passe ses photos de profils dedans, et cela va modifier la photo, mais à une échelle infinitésimale. Invisible à l’œil nu, notre tête ne change pas du tout. Mais l’application va inverser deux pixels, en déformer quelques-uns ou coller sur notre tête un pixel de celle de Beyonce ou d’une autre star.
Reculer pour mieux sauter
Cette technique les paralyse. Chez Google, ils ont juste modifié le contraste sur une image de chien. Leur logiciel l’a pris pour une autruche. Et vous, si vous utilisez Fawkes, les algorithmes qui utilisent vos photos vont associer votre identité à ce faux visage. Et ils seront incapables de vous reconnaître en vrai. Mais ce sera juste reculer pour mieux sauter. Car exploiter les bugs des technologies de reconnaissance faciale est devenu un jeu entre chercheurs sur des logiciels concurrents. En réalité, en faisant ça, ils s’entraident à repérer les bugs, pour mieux les corriger et rendre la reconnaissance faciale de plus en plus incollable.