The Velvet Sundown, le groupe de rock généré par l'IA qui cartonne

Une énorme supercherie artistique. Ça faisait des semaines que les fans de musique s’interrogeaient sur The Velvet Sundown, un groupe sorti de nulle part et qui connaît un succès fulgurant sur Spotify. Ce morceau par exemple, intitulé “Dust on the Wind”, compte un million d’écoutes. Et le groupe compte près d’un million d’abonnés sur Spotify en seulement quelques semaines d’existence.
Les débuts de carrière éclair, ça existe, mais il y a des choses très bizarres. Pas mal d’indices laissent à penser qu’il s’agit de musique et d’un groupe entièrement généré par une IA (avec un humain derrière quand même). Sa musique, assez aseptisée, avec un mixage ultra-lisse, des couplets et des refrains mécaniques et un peu stéréotypés, des paroles pleines de lieux communs.
Pas d’imperfections humaines, de tempo, de respiration, d’accents. Tout ça est très propre, mais sans âme. Les visuels du groupe, hyper lisses et clairement générés par une IA. Le fait qu’on ne trouve aucune information sur le groupe ou sur l’un de ses membres (dont on a les noms) avant ce succès fulgurant. Ils n’ont pas de profil sur les réseaux sociaux, n’ont jamais donné une interview... ni aucun concert.
Le côté très prolifique du groupe, qui a sorti deux albums, et bientôt trois, en l’espace de quelques semaines. Après avoir laissé planer le doute pendant plusieurs semaines, le groupe, ou plutôt les humains derrière le groupe, ont admis que Velvet Sundown n’existait pas, qu’il s’agissait “d’une provocation artistique conçue pour défier les limites de la création, de l’identité et l’avenir de la musique à l’heure de l’IA”. On peut dire qu’ils ont plutôt bien réussi leur coup.
Comment expliquer ce succès?
Il faut dire que c’est devenu un jeu d’enfant de créer des chansons hyper efficaces avec des outils comme Suno. N’importe qui peut prompter une demande. En fait, tout est optimisé pour plaire aux algorithmes des plateformes de streaming: un son rétro rock très identifiable qui ne choque jamais l’oreille, qui va entrer dans plein de playlists par exemple “à écouter en conduisant” ou “en travaillant”, une voix douce et des refrains accrocheurs, des morceaux formatés autour de 2 ou 3 minutes.
Le groupe pourrait aussi avoir aidé par des réseaux de bots, des faux auditeurs qui génèrent des écoutes sur les plateformes et font monter artificiellement la popularité d’un groupe. Et une fois que la presse a commencé à s’en emparer, l’effet viral a fait le reste. Deezer, le concurrent de Spotify, s’est doté il y a peu d’un outil qui détecte les morceaux générés par IA, une sorte de score d’authenticité, précisément pour éviter d’être envahi par de la musique artificielle.
La question de l'art
Il estime que plus de 10% de l’ensemble des morceaux mis en ligne en ce moment sont générés par l’IA, une vraie menace pour les revenus des vrais artistes. Ils ne sont pas supprimés de la plateforme, mais des recommandations algorithmiques, pour privilégier les créateurs humains. Au-delà de la question financière, ça pose une vraie question philosophique sur la notion d’art: est-ce qu’il faut forcément qu’il y ait une intention humaine? Si j’écoute un morceau, que je l’aime bien, qu’il me touche, et que j’apprends ensuite qu’il a été généré par une IA, est-ce que ça change quelque chose?
Une grande partie des morceaux qu’on écoute à la radio ou sur les plateformes pourraient clairement être remplacés par l’IA, qui va me proposer des morceaux hyper personnalisés en fonction de mes goûts, des thématiques qui m’intéressent ou qui me touchent… Sachant que lorsqu’on fait écouter à des fans des morceaux générés par une IA et ceux d’un vrai artiste, très peu sont capables de faire la différence.