RMC
Tech

Une radio fait polémique en remplaçant ses journalistes par des IA

placeholder video
Une station de radio fait polémique, en Pologne, après avoir décidé de remplacer ses présentateurs par une intelligence artificielle.

Ça ne se passe pas en France, mais ça ne va pas peut-être pas tarder… En Pologne, OFF Radio Cracovie vient de lancer plusieurs nouvelles émissions. Au micro, trois jeunes animateurs, Alex, Emilia et Kuba. Ils ont une vingtaine d’années, on trouve leur photo et leur biographie sur le site de la station. Ce sont eux qui présentent les émissions, ils ont une voix bien identifiée, une personnalité distincte. L’un est fan de technologie, l’autre est spécialiste de cinéma… Petit détail quand même, ce ne sont pas des humains, mais des intelligences artificielles. Leur image sur le site internet comme leur voix à l’antenne, tout est généré artificiellement et c’est assez facile à l’heure de l’IA générative. Ces journalistes artificiels sont censés incarner la génération Z et attirer une audience plus jeune.

Les responsables de la radio présentent ça comme une expérimentation, et précisent que les informations délivrées par l’IA sont vérifiées par des journalistes humains. Une manière de faire avaler la pilule… D’autant qu’il y a quelques semaines, cette même radio avait licencié des dizaines de personnes, dont des journalistes, remplacés donc par la machine. L’un des programmes diffusés ces derniers jours, c’est une interview par Emilia (une IA) de Wislawa Szymborska, prix Nobel de littérature 1996. Petit détail: elle est décédée… On a donc utilisé l’IA pour cloner sa voix, sa personnalité et la faire parler, avec l’accord de ses descendants. Une IA qui interviewe une IA: est-ce que c’est ça, le futur de la radio? Peut-être. En Pologne, ça fait scandale, au point que le gouvernement s’est emparé de l’affaire en demandant plus de régulation: "Le développement de l’IA doit se faire pour le peuple, pas contre lui". Sans mesures concrètes pour l’instant…

Estelle Denis donne rendez-vous aux auditeurs de RMC et téléspectateurs de RMC Story pour son talk-show d’opinions et de débats. Toujours accompagnée de Fred Hermel, Emmanuelle Dancourt, Périco Legasse, Estelle Denis et sa bande s’invitent à la table des Français pour traiter des sujets qui font leur quotidien. « Estelle Midi », c’est de l’actu, des débats, des coups de gueule, des coups de cœurs, des infos et un zapping des meilleurs moments entendus sur RMC.
On n'arrête pas le progrès : Une radio remplace ses journalistes par des robots - 30/10
5:22

Une télé à l’IA déjà efficace

On pourrait croire à un simple coup de com, mais les expérimentations du même genre se multiplient. C’est la première fois pour une radio mais, en revanche, on a eu plusieurs expérimentations en télé. Comme cette nouvelle chaîne américaine sur internet qui s’appelle Channel 1, une sorte de CNN version IA. Les présentateurs, l’équipe de chroniqueurs aussi (sport, business, tech) sont soit des clones virtuels de journalistes réels, soit des avatars purement simplement générés par une IA auxquels on fait lire, "interpréter" si l’on peut dire, un texte écrit par ChatGPT, ou une autre IA générative, en allant scanner les informations du jour. La voix est fluide, les mouvements des lèvres complétement naturels. Les reportages s’enchaînent (des vrais reportages, achetés à des agences), avec des informations politiques, économiques, culturelles… Comme dans un vrai journal.

Le résultat est super propre, professionnel. Force est de constater que ça fait le job. Et l’utilisation de l’IA ne s’arrête pas là. On s’en sert aussi pour réaliser des doublages en direct. Le même présentateur va pouvoir présenter le journal en français ou en bulgare sans que ça ne fasse aucune différence. Dans les reportages, Xi Jinping parle, mais en anglais ou en français en fonction des pays. L’IA va aussi pouvoir générer des modélisations 3D pour illustrer certains reportages pour lesquels on ne peut pas filmer.

Une place plus réduite pour les humains

C’est vrai qu’on n’a pas l’interaction, la convivialité, l’humour, les coups de gueule qu’on peut avoir sur un vrai plateau télé… pour l’instant. Car on est au tout début et il n’est pas impossible du tout que dans dix ans, on ait des IA beaucoup plus drôles que nous, ou lui donner certains traits de personnalité ou des préférences politiques. On peut lui demander de camper un éditorialiste de gauche ou très libéral, par exemple. L’autre avantage de l’IA, c’est que ça va permettre de créer des JT sur mesure, hyper personnalisés en fonction des goûts de chacun. Des actus sur l’équipe de foot qu’on suit ou les entreprises qui nous intéressent particulièrement, parce qu’on en est actionnaire par exemple.

Les humains ont encore une place, mais beaucoup plus réduite. Parce que c’est une chaîne d’info qui se veut sérieuse, ce sont des humains qui vont vérifier les infos. Et puis, il faudra bien de la matière première: pour ce qui est des reportages, on n’envoie pas encore de robots sur le terrain, donc ce sont là encore des humains. Pour que ce genre de journal virtuel puisse exister, il faut que les infos réelles dont il s’inspire sortent de quelque part. On aura toujours besoin de journalistes d’investigation, d’enquêteurs… Mais ceux qui se contentent de reformuler de l’information, beaucoup moins…

Anthony Morel