Violences policières à Paris: "C'est compliqué pour des ados de révéler ce genre de faits"

Les violences policières alléguées sur des adolescents sont très graves. (Photo d'illustration) - AFP
Les faits allégués sont très graves. Des policiers du 12e arrondissement de Paris sont visés par une plainte: 18 adolescents (17 mineurs et 1 majeur) les accusent de violences, d’agressions sexuelles aggravées, de discrimination, de séquestration et d'abus d'autorité.
Les faits se seraient produits pendant deux ans, de l'été 2013 jusqu'à l'été dernier. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, a été saisie. Le parquet a ouvert une enquête préliminaire. La mairie du 12e arrondissement avait été avertie qu'il y avait "des problèmes entre la police et des jeunes, mais pas des faits aussi graves", s'est-elle justifiée.
> Les faits
Ces adolescents racontent avoir été victimes d'un harcèlement quotidien. Agés de 14 à 18 ans, ils vivent dans le même quartier populaire du 12eme arrondissement de Paris. En tout, ce sont 16 garçons et 2 filles qui ont d'abord alerté des éducateurs d'associations locales. Certains sont allés voir le commissaire pour parler des violences physiques, puis la mairie qui a mis en place une médiation.
Mais les faits se sont répétés, alors après avoir hésité, les jeunes ont décidé de porter plainte. A leurs deux avocats, ils ont raconté les insultes racistes, les brûlures au gaz lacrymogène ou encore les attouchements pour une question de sécurité ou de contrôle d'identité.
La plainte a été déposée contre X, parce que les adolescents ne connaissent que les surnoms des policiers, ces onze agents qui appartiennent à la même brigade de soutien du quartier. L'IGPN a ouvert une enquête préliminaire
> Me Slim Ben Achour, l'un des deux avocats des 18 lycéens
Me Slim Ben Achour met en avant les blessures physiques et psychiques de ses clients qui ont longuement hésité avant de porter plainte:
"C'est assez compliqué d'accepter de mettre un mot sur ce qu'ils vivent et de considérer que cela n'est pas normal", a-t-il expliqué à RMC. "Il y a une honte, qui a été intégrée par ces enfants. Il leur aura fallu beaucoup de soutien, beaucoup d'affection, beaucoup de solidarité, pour qu'ils se confient pour certains auprès de leur famille. Et pour les autres, auprès des associations. Rappelez-vous qu'il s'agit tout de même d'adultes qui commettent ces faits. Et ces adultes ne sont quand même pas n'importe qui puisque ce sont des policiers. C'est très compliqué pour des adolescents de révéler ce genre de faits, de les accepter puis de les rendre publics".
> Luc Poignant, membre du syndicat SGP Police
Luc Poignant plaide la prudence en attendant les résultats de l'enquête:
"Le délais, dans ce genre d'enquête, c'est un délais nécessaire et suffisant pour que la manifestation de la vérité puisse éclater", a-t-il déclaré. "Etant donné que mes collègues bénéficient quand même de la présomption d'innocence. Il y a un certain nombre de choses à vérifier, il y a un certain nombre de recoupements à faire, de manière à pouvoir apporter du crédit aux allégations qui sont faites. Comme, par exemple, vérifier si aux jours dits, mes collègues étaient effectivement présents. Il y aura très certainement des certificats médicaux qui seront produits à l'appui des allégations qui sont faites à l'encontre de mes collègues".