RMC Conso
Alimentation

Mois du vrac: quels sont les produits alimentaires vraiment moins chers en vrac, et où les trouver?

placeholder video
L'association Réseau Vrac & Réemploi porte chaque année, en mars, le mois du vrac. L'occasion de rappeler l'intérêt écologique de ce mode de consommation. Mais qu'en est-il sur le plan financier? Est-ce un bon plan? RMC Conso fait le point.

Mars, c'est le mois du vrac. Il s'est d'abord développé autour des fruits secs, mais on en trouve désormais dans la quasi totalité des catégories alimentaires, sauf celles pour lesquelles il est interdit (l'huile d'olive, le lait, les surgelés...).

Après avoir connu un important développement autour des années 2015, le marché a été fortement freiné pendant la crise du Covid, les consommateurs craignant les problèmes d'hygiène. Il connaît une légère reprise en 2024, avec 660 millions d'euros de chiffre d'affaires, mais ne représente qu'à peine 1% de part de marché dans l'alimentaire, restant l'apanage d'initiés à la forte conscience écologique.

Il devra pourtant se démocratiser, la loi Climat et Résilience prévoyant que 20% de la surface des magasins de plus de 400m² soit consacrée au vrac d'ici 2030.

Mais si acheter en vrac présente un intérêt écologique évident, puisque cela permet de réduire ses déchets, est-ce intéressant d'un point de vue économique? La logique voudrait que, sans emballage, le vrac coûte moins cher. L'idée reçue dit qu'au contraire, le vrac coûte plus cher et est donc une arnaque. Qui dit vrai? RMC Conso a enquêté.

Les produits les plus courants, pas intéressants en vrac

Nous avons sélectionné cinq produits alimentaires parmi les plus couramment vendus en vrac: du riz, des lentilles vertes, des amandes, des noisettes et du muesli au chocolat, et avons comparé leurs prix dans trois circuits de distribution, un supermarché classique, une enseigne bio et un magasin spécialisé dans le vrac.

Premier constat: les produits les plus courants, tels que le riz ou les lentilles, vendus en vrac, n'offrent pas d'avantage financier comparés à leurs équivalents préemballés.

Par exemple, le riz basmati bio préemballé de marque distributeur était disponible à 3 euros le kilo dans le supermarché, tandis que sa version vrac était à 5,5 euros le kilo. Le riz bio en vrac le moins cher de notre comparatif était vendu dans l'enseigne bio, mais tout de même à 5 euros le kilo.

Il y a une raison très simple à cela: ces produits, largement consommés dans la population française, sont forcément très concurrentiels. Les marques en proposant sont nombreuses, et il y a parmi elles des marques de distributeur, connues pour être particulièrement compétitives.

Face à ces produits dont les prix sont tirés vers le bas au maximum, et sur lesquels les distributeurs sont prêts à rogner sur leur marge pour être les moins chers, le vrac ne peut pas tirer son épingle du jeu.

Le vrac, intéressant pour les produits peu concurrentiels

En revanche, sur les produits moins concurrentiels, il est véritablement possible de faire des économies en achetant en vrac.

Dans notre panier, les noisettes étaient vendues moins cher en vrac chez l'enseigne bio (18 euros le kilo) que préemballées (24 euros le kilo). Par rapport à l'enseigne bio, le supermarché n'était d'ailleurs pas compétitif (37 euros le kilo de noisettes préemballées et 21,4 euros le kilo en vrac).

Il y a moins de marques donc moins de concurrence sur ces produits, que l'on consomme par ailleurs en plus petite quantité et qui sont donc vendus préemballés dans de petits contenants.

Proportionnellement à la quantité, l'emballage pèse donc plus lourd dans le coût final. D'où l'intérêt économique d'acheter certains aliments en vrac, sans emballage et au prix au kilo constant.

Le vrac, pas intéressant en supermarché

Notre panier vrac de cinq produits coûte plus cher en supermarché (62 euros sur la base d'un kilo par produit) qu'en magasin bio (60 euros) ou en magasin spécialisé vrac (56 euros).

Le magasin spécialisé vrac est moins cher parce qu'il propose essentiellement des produits non bio. Or le bio coûte généralement 20 à 30% plus cher.

Mais il est intéressant de souligner que le vrac, en supermarché, coûte plus cher que le vrac en magasin bio. Les produits sont pourtant équivalents (bio dans les deux cas) et cette observation rompt une idée reçue selon laquelle le prix des courses est toujours moins cher en grande et moyenne surface.

En recoupant les résultats de notre enquête et ceux d'une étude, bien plus vaste, réalisée en 2021 par l'Institut national de la consommation et l'Ademe (Agence de la transition écologique) dans 500 magasins, nous constatons la même conclusion.

Les supermarchés ne sont pas le circuit de distribution le moins cher pour les achats en vrac. Les magasins bio, qui proposent par ailleurs des prix toujours plus intéressants sur les produits en vrac que préemballés, ont su développer ce modèle depuis des années (puisque le vrac est d'abord né dans les magasins bio, chez Biocoop en 1980) et réduire leurs coûts.

"Ils traitent de plus gros volumes que les GMS (Grandes et moyennes surfaces) et arrivent, ainsi, à faire des économies d'échelle, ce que ne peut pas faire la grande distribution pour le moment parce qu'elle n'est tout simplement pas encore habituée au vrac," explique à RMC Conso Célia Rennesson, fondatrice et directrice générale de Réseau Vrac & Réemploi.

Les enseignes bio maîtrisent donc mieux ce système qui n'est pas simple à mettre en place. Il implique des coûts logistiques importants: nettoyage des silos, main d'œuvre pour les remplir, formation du personnel, règles d'hygiène à respecter etc. Des coûts finalement plus importants que les emballages en plastique et le marketing.

Maîtriser son budget en maîtrisant les quantités

Le vrac permet donc de faire des économies, mais sur certains produits seulement (oléagineux, épices...). Son deuxième avantage est toutefois de pouvoir maîtriser les quantités achetées, autre levier pour faire des économies.

Il n'y a en effet pas de quantité minimum d'achat, et on peut donc ajuster le remplissage de son sachet selon ses besoins. Le prix au kilo des produits en vrac ne change pas selon la quantité achetée, contrairement à celui des produits préemballés. Le vrac permet par ailleurs d'éviter les arnaques à l'étiquette (par exemple la shrinkflation, qui consiste à réduire la quantité d'un produit dans son contenant, pour gonfler le prix au kilo).

"Le vrac permet d'éviter la surconsommation et les tromperies avec les offres de type 2+1 gratuit, qui poussent à acheter plus que ses besoins réels et conduisent au gaspillage," commente Célia Rennesson.

L'intérêt écologique n'est pas non plus à négliger, sachant que l'on génère 186,5 kilos de déchets d'emballages par personne et par an en Europe.

Les prix de notre relevé

Riz

  • Supermarché:
    Riz basmati bio en vrac: 5,5€/kg
    Riz basmati bio préemballé de marque distributeur: 3€/kg
  • Enseigne bio:
    Riz long blanc: 5€/kg
    Riz long blanc préemballé: 5,5€/kg
  • Épicerie spécialisée vrac:
    Riz basmati (non bio): 3,99€/kg (bio: 5,9€/kg)

Lentilles vertes

  • Supermarché:
    Lentilles vertes France bio en vrac: 6,9€/kg
    Lentilles vertes France bio préemballées: 4,3€/kg (non bio: 3,36€/kg)
  • Enseigne bio:
    Lentilles vertes France bio en vrac: 6€/kg
    Lentilles vertes France bio préemballées: 6,9€/kg
  • Épicerie spécialisée vrac:
    Lentilles vertes France non bio: 3,7€/kg (bio: 8,2€/kg)

Amandes grillées

  • Supermarché:
    Amandes grillées bio en vrac: 19,5€/kg
    Amandes grillées (non bio) préemballées :15,84€/kg
  • Enseigne bio:
    Amandes grillées bio en vrac: 21€/kg
    Amandes brillées bio préemballées: 29,9€/kg
  • Épicerie spécialisée vrac:
    Amandes grillées (non bio): 19,5€/kg

Noisettes

  • Supermarché:
    Noisettes décortiquées bio en vrac: 21,4€/kg
    Noisettes décortiquées (non bio) préemballées: 36,9€/kg
  • Enseigne bio:
    Noisettes décortiquées bio en vrac : 18€/kg
    Noisettes décortiquées bio préemballées : 23,96€/kg
  • Épicerie spécialisée vrac:
    Noisettes décortiquées (non bio): 20,9€/kg

Muesli chocolat

  • Supermarché:
    Muesli chocolat bio en vrac: 8,6€/kg
    Muesli chocolat bio préemballé: 13,69€/kg
  • Enseigne bio:
    Muesli chocolat bio en vrac: 10€/kg
    Muesli chocolat bio préemballé : 11,55€/kg
  • Épicerie spécialisée vrac:
    Muesli chocolat (non bio): 7,95€/kg

Panier global (1kg par produit)

  • Supermarché: 62€
  • Enseigne bio: 60€
  • Épicerie spécialisée vrac: 56€
Charlotte Méritan