Le muesli, produit phare du petit-déjeuner, est-il vraiment l'aliment sain qu'il prétend être?

Le petit déjeuner doit couvrir à lui seul un quart des besoins énergétiques dont le corps a besoin dans la journée. - iStock - golero
"Le mot muesli ne signifie pas que ça va être sain", pose d'emblée Marie-Ève Laporte. La professeure et spécialiste des comportements et du marketing alimentaire estime que le muesli, "comme le Skyr" sont devenus des produits assez populaires durant les dernières années.
Cet aliment "floconneux", comme le qualifie la diététicienne Sibylle Naud, est à distinguer du granola, qui est sa version cuite et plus grasse. Alors, le muesli, mélange d'avoine, de fruits secs et de noix est-il vraiment l'aliment sain qu'il prétend être? RMC Conso fait le point avec les deux spécialistes.
Le muesli est loin d'être une invention récente. En effet, il existe depuis le XXe siècle et été inventé par le docteur Maximilian Bircher. "C'était un médecin suisse pour lequel l'alimentation devait nous permettre de rester en meilleure santé", détaille Marie-Ève Laporte. Flocons d'avoine, noix, pommes, de lait... L'idée était alors de manger des aliments crus et naturels. C'est durant les dernières années que de mélange est revenu sur le devant de la scène alimentaire.
"Le muesli est de plus en plus mis en avant, car il correspond à une tendance très actuelle liée à l’écologie, à la nature, au végétarisme, aux protéines végétales, etc...", analyse la spécialiste des comportements alimentaires.
Les industriels l'ont bien compris puisqu'ils n'hésitent pas à afficher des emballages "avec du vert pour représenter la nature". Cela pousse de nombreux consommateurs "à en acheter les yeux fermés en se disant que c'est bon pour leur santé", regrette-t-elle.
Les fruits secs, un sucre dissimulé
Le sucre est omniprésent dans les mueslis industriels où il se cache souvent derrière des appellations comme "extrait de malt d’orge" ou "sirop de glucose", comme le rapporte un article de l'UFC-que Choisir. Mais les produits estampillés "sans sucre ajouté", ne sont pas en reste. Pour cause, la plupart de ces derniers contiennent un autre aliment sucrant: les fruits secs.
"C'est notamment le cas du muesli Super fruits de Bjorg qui est sans sucre ajouté. C'est d'ailleurs une caractéristique mise en avant sur le packaging du produit. Toutefois, si on regarde la composition nutritionnelle, on s’aperçoit que c’est un produit très sucré du fait de la présence des fruits secs", explique Sibylle Naud.
En effet, la référence de céréales mentionnée par la spécialiste contient une quantité considérable de fruits secs: raisins, cassis, myrtilles et cranberries. "Quand y a beaucoup de raisins secs dans un muesli industriel, c’est parce que ça ne coûte pas cher, que ça pèse lourd et que ça sucre le produit", détaille-t-elle. Par ailleurs, il est essentiel de rappeler que les fruits desséchés n'apportent pas de vitamines.
"Les vitamines des fruits sont hydrosolubles, c'est-à-dire qu'ils disparaissent dès lors qu'il n'y a plus d'eau dans le fruit. Il ne reste alors plus que des fibres et du sucre", ajoute-t-elle.
Les mueslis à base de chocolat au lait ne sont pas en reste car cet ingrédient "est majoritairement composé de sucre", rappelle la diététicienne.
Sucrer pour donner du goût
Cette omniprésence du sucre, quelle que soit la forme qu'il prendre, permet aux industriels d'améliorer le goût de leurs produits. "C’est moins cher de mettre plus de sucre que d’autres ingrédients pour donner du goût", explique Marie-Ève Laporte.
Mais cela s'explique également par le fait que dans le rayon céréales de nos supermarchés, "la plupart des produits sont très sucrés", avance la spécialiste.
"Les consommateurs qui voudraient passer de céréales classiques à un muesli pourraient trouver son goût un peu fade. Pour les industriels, le sucre est un moyen de rendre le produit plus gourmand, alors que les clients pourraient juste ajouter un peu de miel avant de le consommer", regrette-t-elle.
"Je ne veux pas que le consommateur se fasse avoir"
Même si les mueslis de grandes surfaces restent "très riches en fibres", selon la diététicienne, elle recommande de les consommer d'une certaine façon.
"Je conseille de mettre un peu de flocons d’avoine brut dans son bol, avant d’ajouter une petite poignée de muesli industriel. Par ailleurs, le fait de les consommer avec du lait classique ou végétal, permet de réduire l'indice glycémique", insiste-t-elle.
"Je ne veux pas que le consommateur se fasse avoir. Lorsqu'un emballage affiche 'sans sucre ajouté', cela ne veut pas dire que le produit ne contient pas de sucre", insiste-t-elle. Pour éviter de tomber dans le piège, les consommateurs peuvent faire eux-mêmes leur muesli, en mélangeant des flocons d'avoine, des morceaux de fruits, des copeaux de chocolat noir et des fruits oléagineux.