Planet-Score, Nutri-Score, Éco-Score... Attention aux confusions quand vous faites vos courses

Le Nutri-Score, une lettre de A à E (illustation) - LOIC VENANCE / AFP
Le Planet-Score crée-t-il un effet de halo? C'est ce que questionne l'association UFC-Que Choisir, qui s'appuie sur une étude réalisée par des chercheurs de l'université Justus Liebig, en Allemagne, parue en juin dernier.
Effet de halo
Selon l'étude, la présence d'un logo qui donne un score environnemental (dans l'étude l'Éco-Score, mais il existe aussi le Planet-Score, un équivalent) change la perception globale du produit chez le consommateur.
Ainsi, même un produit gras et salé comme un paquet de chips est perçu par les consommateurs comme étant meilleur sur tous les aspects, y compris nutritionnels, s'il présente un Éco-Score en A.
Autrement dit, la bonne note du produit nous donne de ce dernier une bonne impression générale, quand bien même cette note ne concerne que son impact environnemental.
Cet effet de halo est par ailleurs renforcé par la forte ressemblance entre l'Éco-Score, le Planet-Score et le Nutri-Score. Les trois logos utilisent les notes de A à E et le code couleur du vert au rouge, pouvant créer chez le consommateur une confusion.
Possible confusion
De plus, le Nutri-Score est désormais bien connu des consommateurs (95% des Français en ont déjà entendu parler, selon Santé publique France), tandis que les scores environnementaux sont encore à la marge. Les consommateurs peuvent donc assimiler ces lettres A à E au logo qu'ils connaissent, soit le Nutri-Score.
Pourtant, scores environnementaux et nutritionnels n'ont rien à voir. Certes, le Planet-Score renseigne sur l'utilisation de pesticides, qui ont un impact sur la santé, mais son objectif est avant tout de nous renseigner sur l'aspect vertueux, ou non, d'un produit pour la planète.
Le Planet-Score prend donc en compte l'impact des modes de production sur la biodiversité, sur la pollution de l'air et de l'eau, sur la déforestation, et sur le climat, entre autres. Le Nutri-Score quant à lui établit sa notation en fonction du taux de sucre, du taux de lipides, et, depuis le changement d'algorithme, de la présence ou non d'additifs et d'édulcorants.
Les deux scores sont donc intéressants pour que les consommateurs puissent faire un choix éclairé lorsqu'ils font leurs courses, et ils améliorent la transparence dans l'industrie agro-alimentaire.
Stratégie marketing
Le problème, c'est que la stratégie marketing des marques consiste parfois à mettre en avant une bonne note et à en dissimuler une mauvaise. C'est ce qui s'est passé avec la marque Bjorg, qui commercialise notamment des biscuits, des céréales et des boissons végétales. Cette dernière a supprimé de ses emballages le Nutri-Score, fin 2023.
Une décision qui coïncide avec l'annonce du changement d'algorithme du Nutri-Score, devenu plus sévère, et qui risquait de dégrader la note de certains produits Bjorg. En parallèle, la marque a commencé à apposer, en lieu et place du Nutri-Score, le Planet-Score.
Interrogée par l'association l'UFC-Que Choisir sur ce choix, alors qu'il aurait été possible d'apposer les deux logos, Bjorg a répondu que "l'affichage de deux 'scoring' ou plus sur un pack devient inutile car illisible: les consommateurs s’y perdraient".
Sur son site, la marque met également en avant son engagement pour une alimentation plus durable:
"Il est crucial de rendre transparent l’impact environnemental de nos choix alimentaires pour guider les consommateurs et consommatrices vers une alimentation réellement durable et accélérer la transition alimentaire. À ce jour, le Nutri-Score ne permet pas de le faire," lit-on.
Un choix tout de même avantageux pour la marque puisque, si les biscuits Bjorg affichent un Planet-Score B, leur taux de sucre (environ 30% pour les cookies chocolat-noisette, par exemple) ferait tomber leur note au Nutri-Score en D.