Prix alimentaires: pourquoi le consommateur n’est pas toujours perdant avec la "shrinkflation"

Le débat sur la "shrinkflation" est un débat de dupes. La shrinkflation, c’est lorsqu’on diminue la quantité d’un produit sans bouger son prix. Mais plus personne n’ignore ce que c’est, puisque c’est devenu le scandale de consommation de la semaine. On a entendu tous les grands patrons de la distribution et le ministre de l’Economie crier au scandale. Au point que le patron de Carrefour, Alexandre Bompard, a annoncé que dès lundi, des affiches seraient apposées sur les produits concernés.
En réalité, ces réactions sont totalement disproportionnées. La pratique est marginale: 122 produits recensés jusque-là, selon nos camarades de BFMTV, dans des hypermarchés qui compte 20.000 à 35.000 références, peut-être le double au maximum. Une pratique en outre légale, à laquelle la DGCCRF n’a rien trouvé à redire.
Ne soyons pas dupes: l’intérêt de la distribution, c’est de diaboliser les industriels afin d’arriver en position de force dans les prochaines négociations commerciales.
La meilleure alternative à la "cheapflation"
On essaye quand même de berner le consommateur. Bien évidemment, l’objectif de ces multinationales (Mondelez, Unilever, Coca…), c’est de tout faire pour engranger un maximum de profits. Mais le consommateur n’est pas toujours perdant non plus. Plus d’un Français sur deux est à 10 euros près pour faire ses courses. Certains préfèrent continuer à consommer leurs marques favorites sans dépenser plus, même s’il y en a un peu moins. Qu’on le veuille ou non, c’est un choix supplémentaire pour les consommateurs.
Et puis le système de négociations des prix, une fois par an, pousse à la shrinkflation. Exemple, les pommes noisettes, le fond de congélateur de tous les Français, c’est +50% à 70% sur un an. La distribution n’a pas voulu renégocier. Seul choix: la shrinkflation ou le produit qui sort des rayons.
La shrinkflation, c’est aussi la meilleure alternative à la "cheapflation". Une autre pratique des géants de l’industrie agro-alimentaire: pour ne pas augmenter les prix, sans toucher à la quantité, dégrader la qualité des ingrédients. Le passage insidieux de glace à dessert glacé (beaucoup moins de lait), de chocolat à produit chocolaté (huile de palme et aromes artificiels). Que préfère le consommateur?