Inflation: le PDG de Carrefour demande un moratoire sur une loi encadrant les promotions

Alexandre Bompard - BERTRAND GUAY / AFP
Bruno Le Maire et la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire ont convoqué les représentants de la grande distribution mercredi matin, et ceux de leurs fournisseurs de l'agro-industrie jeudi, alors que les prix restent très élevés dans les rayons des grandes surfaces.
Sur France Info, Alexandre Bompard, devenu officiellement lundi président de la fédération patronale de la grande distribution (FCD), a expliqué prévoir de demander au ministre "un moratoire d'un an sur l'application de la loi Descrozaille" votée en mars dernier et "qui conduit les distributeurs à devoir limiter les promotions dans la droguerie, pour les produits de soins et d'hygiène à 34%".
"Aujourd'hui, je peux vendre une lessive à 50 ou 60% de promotion", a-t-il expliqué. Mais dès l'application de cette "mauvaise loi" comme il la qualifie, Carrefour comme les autres distributeurs seront "obligé(s) de se limiter à 34%".
Un moratoire "nécessaire" pour le PDG de Carrefour
Alexandre Bompard a déploré que les consommateurs, frappés par l'inflation, se privent de produits "essentiels" tels que "les protections féminines, les couches, le dentifrice" qui accusent des baisses de vente "à deux chiffres". La disposition "ne bénéficie qu'à trois grandes multinationales mondiales", a estimé le PDG, qui a cité Procter & Gamble, Henkel et Unilever qui se partagent l'essentiel du marché.
Le dirigeant d'entreprise a en outre pris la plume pour tenter de convaincre les présidents de groupes parlementaires de la nécessité d'un tel moratoire. Dans un courrier révélé par le média spécialisé LSA et Les Echos et que l'AFP a pu consulter mardi, il plaide notamment que "reporter l'entrée en vigueur de cette disposition d'un an, en fixant une date de réexamen de la situation, constituerait un effort ciblé, utile et d'impact direct pour le pouvoir d'achat des Français".
Quelques mois après la promesse du gouvernement d'une "baisse visible des prix" alimentaires à la rentrée, l'addition reste douloureuse pour les consommateurs. Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 12,7% en juillet sur un an.
Le gouvernement prévoit de demander d'"élargir à un plus grand nombre de produits" les opérations promotionnelles, et espère convaincre davantage d'industriels de s'engager sur une "baisse des prix". Dans le cas contraire, "on entre dans la période du budget", attendu fin septembre, "nous avons des instruments à notre disposition pour que chacun joue le jeu", a mis en garde Bruno Le Maire lundi.