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Prix de l'alimentaire: circuit-court et fait-maison, les maîtres mots de l'anti-inflation?

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LE BEURRE ET L'ARGENT DU BEURRE - Alors que les prix dans les supermarchés semblent rester sur un plateau élevé, quelles solutions s'offrent aux Français pour contourner les prix en hausse?

Peut-on continuer de bien manger malgré les prix en hausse dans nos rayons? En l'occurrence, avant même de pouvoir, on se doit de le faire! Car si on nous annonce que les prix ne vont plus augmenter, c'est aussi qu'ils ne vont pas forcément redescendre si rapidement que cela. Selon Serge Papin, ancien président de Système U, "on est actuellement sur un plateau car les prix, a priori, n'augmentent plus" et que "lentement, on est en train d'entamer, semble-t-il, une baisse".

Invité à discuter de cette inflation qui semble donc, précaution oblige, avoir atteint son pic, Serge Papin a expliqué qu'il y a une nécessité, selon lui, d'avoir "une véritable volonté politique pour quitter l'ultralibéralisme, qui prévalait dans les prix de l'alimentation, pour aller à la souveraineté, qui est l'ambition (...) car la souveraineté va être un vrai un enjeu".

"La loi du plus fort"

Il a d'ailleurs rappelé l'importance de la loi EGAlim 2, qui a pour but de mieux rémunérer les agriculteurs, sans qui les producteurs français "se seraient fait étriller" dans les processus de négociations entre industriels, producteurs et distributeurs. Néanmoins, à terme, Serge Papin aimerait voir ce système de négociations mis à mal, car la "négo" représente pour lui la "loi du plus fort".

"Les négociations c'est la loi du plus fort : tout le monde a peur, tout le monde se préserve", affirme Serge Papin, ex-PDG de Système U dans Le beurre et l'argent du beurre.

Alors, "plutôt que des négociations plusieurs fois par an", Serge Papin imagine une suppression de ces négociations "qui sont le rapport de force" pour les remplacer par "un dialogue basé sur le contractualisme, qui ne soit pas simplement un papier juridique mais plutôt un état d'esprit, et qui fasse en sorte qu'en transparence on se dise que s'il y a des coûts qui augmentent, ça justifie des augmentations et quand les coûts baissent, on les répercute aussi au consommateur de manière à ce qu'on puisse avoir une sérénité qui n'est pas là aujourd'hui".

En attendant la baisse... au consommateur de s'adapter

Dans tous les cas, outre le volet concernant ce qui se trouve en amont de la chaîne d'approvisionnement, l'inflation s'est sévèrement répercutée sur les habitudes de consommation des Français au cours des derniers mois. Selon une étude du Crédoc révélée par RMC cette semaine, les citoyens les plus modestes sont souvent obligés de diminuer les portions de leurs repas pour pouvoir s'en sortir.

Pire, la moitié d'entre eux réduisent ou sautent des repas, et plus d'un tiers se privent au profit de leurs enfants. Enfin quatre français sur dix ne mangent pas de fruits et légumes tous les jours.

Le beurre et l'argent du beurre : Continuer de bien manger malgré les prix qui augmentent dans les rayons - 09/09
Le beurre et l'argent du beurre : Continuer de bien manger malgré les prix qui augmentent dans les rayons - 09/09
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Aux yeux de l'ancien dirigeant de Système U, le consommateur doit irrémédiablement s'adapter à la situation afin de voir les répercussions de l'inflation se réduire sur son portefeuille. Car pour Serge Papin, "on voit bien que l'inflation se porte plus sur des produits transformés que sur les produits bruts et en passant sur des produits bruts, on voit que l'on peut encore manger pour des prix acceptables".

De plus, avec ce rythme, le très lent ralentissement de l'inflation nous oblige à être plus vigilants, plus observateurs, plus curieux, ce qui peut même amener certains d'entre nous à trouver des solutions auxquelles ils n'auraient pas pensé de prime abord afin de réduire le prix de leur panier. On peut aussi trouver une autre lecture de la problématique et tenter de contourner l'inflation en faisant nous-même des choses que font les inflationnistes : puisqu'on ne peut pas payer la transformation de la nourriture, et bien nous allons la faire nous-même!

8,50€ le kilo de poulet fermier

Sur le côté approvisionnement, Isabelle, habitante de Seine-et-Marne, a tout compris! Elle explique avoir été fortement touchée par l'inflation sur le commerce de la viande dans les supermarchés.

Pour pouvoir encore profiter de quelques bons poulets bien en chair, elle raconte avoir opté pour une solution relativement simple pour les Français habitants dans des zones plus campagnardes : se diriger directement vers le producteur en trouvant des fermes qui vendent leur viande, une façon de court-circuiter le cheminement classique d'approvisionnement en supermarché. Côté financier, c'est donc un prix "imbattable" : 8,50€ le kilo à la ferme!

On plébiscite donc cette méthode, avec en prime une cuisine à faire nous-même qui permettra là encore des économies. Il ne faut pas hésiter à cuisiner des choses simples : le poireau, la pomme de terre, des omelettes, des champignons… On va contourner l'inflation en mettant la main à la pâte!

C'est le plaisir de choisir ses produits mais aussi de les transformer soi-même à la maison pour profiter en même temps d'un instant de convivialité autour de la table… En plus on fait du bien à l'économie du pays et au paysan, et on se donne du bonheur en contournant l'inflation.

Avec ces ingrédients simples et un temps restreint, voici donc la petite recette anti-inflation : on prend des poireaux avec le blanc, des pommes de terre et on fait cuire tout cela dans une soupe par exemple. On y ajoute une bonne noix de beurre, une petite louche de crème fraîche et peut-être quelques lardons pour l'aspect protéines… et voilà un repas peu cher, simple à cuisiner et qui permet de contourner les répercussions de l'inflation.

Périco Légasse (édité par Alexis Lalemant)