Gazole non routier, main d’œuvre, inflation… Ce que demande le patron de la FNSEA Arnaud Rousseau

Niche fiscale sur le gazole: "Pas question que ce soit supprimé"
"(Le gouvernement veut supprimer la niche fiscale sur le gazole non routier, notamment pour les agriculteurs) Quelle est la solution alternative? Demander un effort, une mutation ‘du brun vers le vert’ pour reprendre l’expression du ministre, ça nécessite d’avoir des solutions. Or, aujourd’hui, ces solutions sont peu nombreuses et on a besoin de les explorer. Cela fait partie des préoccupations du monde agricole. Par ailleurs, ce sujet ne concerne pas que l’agriculture. C’est un sujet de compétitivité, évidemment. (…) Il n’est pas question que ce soit supprimé, parce que ce ne serait pas supportable en l’état. On a dit qu’on était prêt à discuter de l’évolution parce qu’on a aussi besoin de contribuer à la transition énergétique, nécessaire. Mais en tout cas, l’idée de supprimer de manière abrupte n’est absolument pas tenable. C’est juste pas possible pour nos exploitations. En revanche, voir comment on peut commencer à amorcer une mutation, une transition, on est prêt à en discuter. On a vu le ministre Le Maire ainsi que ses services avant l’été. On discute. C’est un paquet global parce que, encore une fois, ce qui intéresse les agriculteurs, c’est comment ils font au quotidien pour mener leurs entreprises, leurs fermes. Il n’y a pas simplement le sujet du GNR sur la table."
Agriculteur agressé près de Nantes: "L’appel à la violence mène à la violence"
"J’ai eu cet agriculteur au téléphone pour lui le plein soutien de la profession, parce que ce qu’il a vécu, se faire réveiller en pleine nuit avec des gens en train de brûler vos bâtiments, c’est juste intolérable, qu’on soit agriculteur ou pas. Cela fait quelques semaines qu’on dénonce les violences ou en tout cas les menaces de radicalité et on a toujours dit qu’il fallait y mettre un terme, parce que l’appel à la violence mène à la violence. C’est ce qu’on constate. On condamne très fermement ce type d’acte. Il faut rapidement retrouver les auteurs et que la justice passe."
L’agriculture, métier en tension: "Il manque 460.000 CDD par an"
"Aujourd’hui, notre métier n’est pas reconnu comme tel. Mais évidemment, quand vous un viticulteur et que vous voulez faire vos vendanges actuellement, ou quand vous êtes un producteur de fruits, vous ne trouvez pas de personnel aujourd’hui. C’est ça, la réalité du marché. Je ne dis pas qu’on ne trouve personne, je dis qu’en tout cas on ne trouve pas le nombre d’emplois nécessaires à la réalisation du travail. L’été dernier, il manquait 15 à 20%, à peu près 460.000 CDD par an. C’est colossal. Et on ne trouve pas ces personnes. Donc on dit qu’on est un métier en tension. Si on veut continuer à produire, et je rappelle qu’on importe 40% de nos légumes et 60% de nos légumes, évidemment, il nous faut du personnel pour pouvoir réaliser ces travaux. C’est sur trois mois, l’été essentiellement. Et on ne les a pas."
Inflation alimentaire: "Ne pas revenir sur la loi Egalim"
"Je me réjouis qu’on dise qu’on ne touche pas au monde agricole. On s’est battu pendant dix ans pour obtenir un certain nombre de cadres, la loi Egalim a permis de sanctuariser la matière première agricole. Pour le moment, ça marche. L’industrie alimentaire ne peut pas acheter en-deçà des indicateurs. Ce qu’on ne veut pas, c’est qu’on revienne là-dessus. Il faut continuer de produire en France pour nourrir les Français. On a largement fait la place à l’importation depuis des années. On n’a pas été protégé sur la souveraineté énergétique et on voit où ça nous a mené. Donc on a besoin de sanctuariser ça (la souveraineté alimentaire). C’est ce que je dirai à Bruno Le Maire, qui ne nous a pas encore vu sur ce sujet."