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Vache qui rit, miel, huile... Ces produits liquides désormais en vrac avec l'initiative "DéfiVrac"

La machine de vrac en plein test, ce jeudi 26 juin, dans le Monoprix Porte de Châtillon.

La machine de vrac en plein test, ce jeudi 26 juin, dans le Monoprix Porte de Châtillon. - Emma Forton

Après les classiques céréales, place aux produits liquides en vrac à travers l'opération "DéfiVrac", lancée ce jeudi 26 juin au Monoprix Porte de Châtillon. De quoi s'agit-il? RMC Conso vous explique.

Pâtes, riz, cacahuètes, amandes... Vous êtes peut-être déja familiarisés avec le système du vrac quand vous faites vos courses.

Désormais, vous pourrez vous servir, dans des contenants spécifiques, des produits liquides comme de la compote de pommes, du sirop d'agave, du miel, de la mayonnaise, de l'huile, mais aussi des produits frais avec du yaourt nature et même... de La Vache qui rit.

L'initiative, nommée "DéfiVrac", rassemble quatre groupes de l'agroalimentaire: Bel (Babybel, Boursin, Kiri, La Vache qui rit, Materne), Danone (Actimel, Activia, Alpro, Danette, Danonino), Famille Michaud Apiculteurs (Lune de miel) et Lesieur (Puget, Isio4).

Après plus de quatre ans de recherche et développement, l'opération vient d'être lancée avec l'installation de machines de vrac dans trois magasins: le Monoprix Porte de Châtillon (Île-de-France), l'Hypermarché Intermarché de Dole (Jura) et E.Leclerc de Granville (Normandie).

Pourquoi cette initiative? En quoi consiste-t-elle? Les prix sont-ils plus avantageux? Et répond-elle aux exigences d'hygiène? RMC Conso vous explique tout.

"Juste quantité"

Depuis quelques années, les opérations en faveur du vrac se multiplient, à l'image de la consigne du verre. Plus récemment, il y a eu aussi "Rapportez-moi pour réemploi", assurée par R3PACK et qui permet de réutiliser un sceau en plastique universel pour des produits variés (biscuits apéritifs, salades préparées, fromage blanc, gâteaux, sirops etc.).

En cause notamment, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec), instaurée en 2020. Celle-ci a fixé un objectif de 10% d'emballages réemployés d'ici à 2027. Mais il y a également la loi Climat et Résilience qui prévoit que 20% de la surface des magasins de plus de 400m² doit être consacrée au vrac d'ici 2030. Le contexte législatif n'est cependant pas le seul responsable de ces évolutions.

"Nous avons mené des études auprès des consommateurs. Leurs attentes ont évolué, ils veulent plus de marques et plus de produits dans le vrac. Et en l'occurence, le marché était limité," a détaillé Alexandra Berreby, directrice de l’engagement RSE chez Bel, lors de l'inauguration de la machine, ce jeudi 26 juin, au Monoprix Porte de Châtillon.

"Leurs exigences écologiques sont aussi plus élevées. Avec les problématiques d'inflation et de pouvoir d'achat, le consommateur est également à la recherche de la juste quantité dont il aura besoin."

C'est donc dans cette logique que s'est imposée l'opération "DéfiVrac", qui a été financée à 70% par Citeo, une entreprise spécialisée dans le recyclage des emballages. L'objectif, démocratiser le vrac grâce à des produits du quotidien.

Facile d'utilisation

Dans les rayons du Monoprix Porte de Châtillon, deux nouvelles machines de vrac se font face: une pour les produits qui se conservent à température ambiante (compote, sirop d'agave, miel, mayonnaise et huile) et une autre pour les produits frais (yaourt et fromages à tartiner).

Pour les utiliser, il suffit de lire et de suivre les étapes. D'abord, vous choisissez un contenant en verre. Il en existe trois formats différents: un petit pot de 225 ml, un grand pot de 430 ml et une bouteille d'un litre.

L'opération "DéfiVrac" vient d'être lancée, ce jeudi 26 juin, dans le Monoprix Porte de Châtillon.
L'opération "DéfiVrac" vient d'être lancée, ce jeudi 26 juin, dans le Monoprix Porte de Châtillon. © Emma Forton

Tous les contenants sont gradués, ce qui permet de se rendre compte de la quantité versée, à la différence des sachets kraft dans le vrac classique.

Il existe trois formats de contenants et tous sont gradués pour aider les consommateurs.
Il existe trois formats de contenants et tous sont gradués pour aider les consommateurs. © Emma Forton

Ensuite, vous ouvrez votre contenant et vous le remplissez du produit que vous souhaitez. Pour cela, vous devez simplement tirer la poignée correspondant au produit vers vous. Une fois relâchée, plus rien ne coule, c'est précis.

Après, il ne vous reste plus qu'à peser votre contenant sur une balance à côté et à renseigner le produit que vous avez pris sur un écran. Exactement comme lorsque vous devez peser vos fruits et légumes en supermarché.

Un ticket est alors imprimé et vous le collez sur le contenant. Celui-ci comporte plusieurs informations: prix au kilo, prix final, liste des ingrédients, conseils de conservation, date de péremption, service consommateur et un QR Code qui renvoie vers d'autres indications complémentaires sur le produit comme la traçabilité.

Au total, il nous aura fallu qu'une trentaine de secondes pour réaliser toute l'opération. C'est pédagogique et facile d'utilisation. Et c'est la même gestuelle pour tous les types de produits.

"Des prix au kilo 10% inférieurs"

Les pots sont consignés 30 centimes et les bouteilles 50 centimes. Pour pouvoir récupérer le montant des consignes sous forme de bons d'achat, il faudra rapporter les contenants directement en magasins.

Concernant les prix, sont-ils plus intéressants? Comme nous l'expliquions dans cet article à l'occasion du mois du vrac, les produits courants (riz, lentilles) n'offrent pas d'avantage financier comparés à leurs équivalents préemballés. En revanche, sur des produits moins concurrentiels comme les noisettes, il est possible de faire de réelles économies avec le vrac.

Qu'en est-il pour l'opération "DéfiVrac"? C'est toujours la grande distribution qui fixe les prix, mais les différents acteurs de cette coalition ont mis en avant des recommandations.

"Nous conseillons aux magasins de vendre les produits en vrac à des prix au kilo 10% inférieurs à ceux des références équivalentes en rayons", a indiqué Romain Le Nouaille, directeur marketing du groupe Famille Michaud Apiculteurs.

Si les grandes surfaces suivent réellement ces recommandations, le vrac deviendra ainsi plus attractif que les produits conditionnés dans des contenants classiques.

Normes d'hygiène strictes

Outre le prix, les problèmes d'hygiène sont souvent mis en avant par les détracteurs du vrac. C'est justement pour cette raison que l'opération "DéfiVrac" a tenu à montrer des engagements irréprochables.

D'abord, le consommateur ne peut jamais toucher le produit, car les boîtiers sont protégés par des trappes en plastique. Vous pouvez juste glisser votre contenant, mais pas votre main là où le produit est versé.

Pour garantir la propreté de la machine et du rayon, un système de verrouillage mécanique bloque la sortie du produit s’il n’y a pas de contenant inséré.

Il est impossible d'utiliser ses propres contenants. La machine est équipée d’un système de distribution ne fonctionnant qu’avec les contenants prévus à cet effet, pour éviter les erreurs de manipulation et garantir l’hygiène.

La distribution se fait grâce à un mécanisme qui respecte l’intégrité du produit et évite les contacts à risque, assurent les acteurs de l'opération. Il n'y a pas de coulées et de résidus qui tombent après utilisation, ce qui évite la prolifération de bactéries.

La machine, qui a un fonctionnement mécanique et non électrique, se nettoie facilement par les magasins. Une fréquence d'entretien a également été fixée.

Enfin, un protocole HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) rigoureux a été mis en œuvre, conjointement avec les points de vente, pour encadrer l’ensemble des opérations, de la recharge des produits jusqu’à l’usage par les consommateurs, en garantissant des standards élevés de sécurité alimentaire.

Phase de test jusqu'à la fin de l'année

Comme tous les systèmes de vrac, certaines limites sont récurrentes, notamment le blocage psychologique des consommateurs de rajouter de l'argent à chaque produit acheté ou encore la logistique à prévoir pour ramener les contenants en magasin.

De plus, l'expérimentation reste menée à une échelle encore limitée. L'initiative "DéfiVrac" rentre dans une phase de six mois de test jusqu'à la fin de l'année 2025. Si celle-ci s'avère concluante, tous les acteurs espèrent la déployer à une plus grande échelle.

"Nous sommes très confiants, car les marques de l'opération sont des marques du quotidien et à très forte pénétration. Surtout, le consommateur peut complètement faire un choix éclairé. Il est face à l'emballage classique du produit, mais aussi celui réutilisable. Nous lui donnons la possibilité de choisir. Nous espérons inspirer d'autres marques et d'autres catégories de produits pour agrandir ce dispositif", a conclu la directrice de l’engagement RSE du groupe Bel.
Emma Forton