De moins en moins de transactions en argent liquide: se dirige-t-on vers la disparition du cash?

Payer en espèces, une habitude en perte de vitesse? D'après les derniers chiffres de la Banque de France, la tendance est nette : dans les magasins de l'Hexagone, en 2022, 50% des paiements ont été réalisés en espèces.
En 2019, avant l'arrivée de la pandémie de Covid-19, les paiements en cash représentaient 68 % des transactions. Le constat est quasiment similaire, si ce n'est plus marqué, à l'échelle européenne.
Selon les derniers chiffres de la Banque Centrale Européenne, dans la zone euro, 59% des paiements se font désormais en espèces, contre 79% en 2016.
Le souci des frais bancaires pour les commerçants
Inévitablement, entre conservateurs qui chérissent leur "liquide" et novateurs adorant payer avec leur montre connectée, le sujet divise au sein de la population.
Au marché de La Rochelle, Louis et Rémi estiment qu'on a les poches, et l'esprit, bien plus légers quand on abandonne les pièces et les billets. "C'est le côté pratique de ne pas avoir à se demander combien il nous reste dans le porte-monnaie", analyse l'un des deux jeunes hommes.
Les commerçants, en revanche, ne sont pas si contents que la carte bleue soit désormais monnaie courante. Direction la Nièvre, où Cyril, un boulanger situé près de Nevers, a contacté le 32 16 pour partager son avis et son expérience sur les frais prélevés lors des transactions réalisées par carte.
S'il n'a pas installé de machine à encaisser le liquide automatiquement, comme on peut en retrouver de plus en plus dans les boulangeries, Cyril explique n'avoir eu d'autres choix que d'accepter la carte bancaire mais avec "un minimum" de paiement fixé à 5€.
"J'ai un minimum car comme tout le monde on a des frais. Chaque année, ça me fait à peu près 500€ de frais que l'on donne à la banque", déplore Cyril, boulanger dans la Nièvre.
Cet auditeur de RMC se positionne donc contre un arrêt total des paiements en espèces, argumentant par ailleurs que les problèmes de connexion internet peuvent aussi avoir des répercussions néfastes sur les paiements.
"Pendant trois jours, je suis tombé en panne de box. Donc je fais quoi si je n'ai pas d'espèces? Pendant trois jours je ne travaille pas?", questionne-t-il.
Le cash, "seul moyen de paiement gratuit"
Les problèmes des transactions électroniques soulignés par Cyril sont aussi évoqués par Marc Schwartz, le PDG de la Monnaie de Paris, qui était l'invité d'Apolline Matin sur RMC et RMC Story.
Estimant qu'il est "naturel" que la portion de paiements en cash diminue "par rapport aux nouveaux moyens existants", Marc Schwartz rappelle que "les Français sont très attachés aux espèces" et que, selon lui, "80% disent non à une société sans espèces".
D'ailleurs, il y a "nécessité de préserver l'accessibilité et l'acceptation de l'espèce" aux yeux du PDG de la Monnaie de Paris, pour la simple (et bonne?) raison que "le cash est le seul moyen de paiement gratuit", au contraire des transactions par carte qui impliquent donc des frais pour les commerçants.
Garder le cash dans la société, d'accord, mais alors un autre souci se pose : en France, le nombre de distributeurs de billets recule! Au total, 5000 ont disparu entre 2018 et 2021, selon les données de la Banque de France. Il en existe 73.000 dans l'Hexagone selon le ministre de l'économie, un nombre en baisse mais suffisant d'après Bruno Le Maire.
"L'accès au cash est plutôt de bonne qualité, mais oui il y a des endroits où c'est difficile", admet de son côté le PDG de la Monnaie de Paris, Marc Schwartz.
En Hollande et en Finlande, 80% de paiements en CB
En conclusion, une possible disparition totale des paiements en espèces ne semble pas à l'ordre du jour tant elle déplaît au sein de la population. Laurent Neumann fait partie de ces "anti" car selon lui, "supprimer le cash, c'est une mesure prônée par les radins, qui ne laissent plus un centime de pourboires à personne, c'est une catastrophe pour les serveurs!".
À terme, la France prendra-t-elle alors le chemin de certains autres pays européens comme les Pays-Bas et la Finlande, où le cash a presque disparu avec environ 20% des transactions?
À en croire Basile Duval, porte-parole du comparateur de banque PanoraBanques, "l'argent liquide ne va pas disparaître demain, notamment en France, en Allemagne ou en Espagne". Selon lui, "ce sont des pays qui sont attachés aux paiements en espèces" et qui devraient, à moyen terme, le rester.